H I S T O I R E N A T U R E L L E
o O I O
hauteur : il n’est donc pas surprenant qu’on lui ait
donné le nom A'aiguille. On l’a nommé aussi anguille
de mer, parce qu’il vit dans l’eau salée , et que ses
formes générales ont beaucoup d’analoige avec celles
de la murène anguille. La ressemblance dans la conformation
amène nécessairement de grands rapports
dans les mouvemens et dans les habitudes; et en effet
la manière de vivre de l’ésoce bélone est semblable, à
plusieurs égards, à celle de l’anguille.
Les dents du bélone sont petites, mais fortes, égales,
et placées de manière que celles d’une mâchoire occupent,
lorsque la bouche est fermée, les intervalles de
celles de l’autre. Les jeux sont gros. La ligne latérale
est située d’une manière -remarquable ; elle part de
la portion inférieure de l’opercule, reste toujours très-
près du dessous du corps ou de la queue, et se perd
presque à l’extrémité inférieure de la base de la caudale.
La queue s’élargit, ou, pour mieux dire, grossit
à l’endroit où elle pénètre en quelque sorte dans la
nageoire de la queue; les autres nageoires sont courtes.
La partie supérieure du poisson est la seule sur laquelle
on voie des écailles un peu grandes, tendres et
arrondies.
Raj. Fisc, p, 109.
Seapike. Brit. Zoology, p. 274, n. 2.
Timucu. Marcgrav« Brasil, 168,
Orphie. Valmonl-Bomarc 3 Dictionnaire d'histçire naturelle.
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Lorsque le bélone serpente , pour ainsi dire , dans
l’eau, ses évolutions, ses contours, ses replis tortueux,
ses éfans rapides, sont d’autant plus agréables, que ses
couleurs sont belles-, brillantes et gracieuses; le front,
la nuque et le dos, offrent un noir mêlé d’azur; les
opercules réfléchissent des teintes vertes, bleues et
argentines : la moitié supérieure des côtés est d’un
verd diversifié par quelques reflets bleuâtres; l’autre
moitié répand, ainsi que le ventre, l’éclat de l’argent
le plus pur : du gris ou du bleu sont distribués sur
les nageoires.
Ce poisson si bien paré et si svelte â. été observé
dans presque toutes les mers ; il en quitte les profondeurs
pour aller frajer près des rivages, où il annonce,
par sâ présence, la prochaine apparition des maquereaux.
Il n’a communément qu’un demi-mètre de longueur
, et ne pèse qu’un ou deux kilogrammes; il
devient alors très-souvent la proie des squales , des
grandes espèces de gades , ou d’autres habitans de la
mer voraces et bien armés : mais il parvient quelquefois
à de plus grandes dimensions. Le chevalier Hamilîon
a vu pêcher, à Naples, un individu de cette espèce,
qui pesoit sept kilogrammes ; et Renard assure qu’on
trouve dans les Indes orientales, dés bélones de deux
ou trois mètres de longueur, dont la morsure est,
dit-on, très-dangereuse; *çt même mortelle, apparemment
à cause de la nature de la blessure que fout leurs
dents nombreuses et acérées.