des dents fortes et aiguës, des formes très-déliées,
de l’agilité dans les mouvemens, de la rapidité dans
la natation ; voilà ce que présentent les sphyrèues ;
voilà ce qui leur rend la guerre et nécessaire et facile;
voilà ce qui, leur faisant surmonter la crainte mutuelle
qu’elles doivent s’inspirer, les réunit en troupes nombreuses,
dont tous les individus poursuivent simultanément
leur proie, s’ils ne l’attaquent pas par des
manoeuvres concertées, et auxquelles il ne manque
que de grandes dimensions et plus de force pour
exercer une domination terrible sur presque tous les
habitans des mers.
Une chair blanche et qui plaît à l’oeil, délicate et
que le goût recherche', facile à digérer et que la prudence
ne repousse pas; voilà ce qui donne aux sphy-
rènes presque autant d’ennemis que de victimes; voilà
ce qui, dans presque toutes les contrées qu’elles habitent,
fait amorcer tant d’hameçons, dresser tant de
pièges, tendre tant de filets contre elles.
Des cinq sphyrènes que nous faisons connoître, les
naturalistes n’ont encore décrit que la première; mais
les formes ni les habitudes de cette sphyrène spet
n’avoient point échappé à l’attention d’Aristote, et des
autres anciens auteurs qui se sont occupés des poissons
de la Méditerranée.
Le spet se trouve en effet dans cette mer intérieure,
aussi-bien que d^ras l’Océan atlantique. Il parvient à
la longueur de sept ou huit décimètres. Ses couleurs
sont relevées par l’éclat de la ligpe latérale, qui est
un peu courbée vers le bas. Le palais est uni; mais des
dents petites et pointues sont distribuées sur la langue
et auprès du gosier. Chaque narine n’a qu’un orifice ;
les yeux sont gros et rapprochés; les écailles minces
et petites; quarante cæcums placés au près du pylore;
le canal intestinal est court et sans sinuosités ; la vésicule
du fiel très-grande, et la vessie natatoire située
très-près du dos.
Les yeux de la chinoise sont très-gros ; la prunelle
est noire ; l’iris argenté ; la ligne latérale tortueuse.
Coinmerson a laissé dans ses manuscrits un dessin de
cette sphyrène, que nous avions déjà fait graver, lorsque
nous avons vu ce poisson bien mieux représenté dans
les peintures chinoises données à la France par la
république batave.
La sphyrène orverd est magnifique; son dos est élevé;
son museau très-pointu, et son oeil, dont l’iris est d’un
beau jaune, ressemble à un saphir enchâssé dans une
topaze.
La parure de la bécune est moins riche, mais plus
élégante; des reflets argentins ajoutent les nuances les
plus gracieuses à l’azur et au bleu foncé dont elle est
variée. L’oeil rouge ale feu du rubis. Ses formes sveltes
ressemblent plus à celles d’un serpent ou d’une murène,
que celles des autres sphyrènes dont nous venons
de parler. La mâchoire inférieure est un peu plus
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