rassant sur sou digne ami, Guénaud de Montbelliard,
du soin d’achever une portion de cette admirable galerie
où toutes les tribus des oiseaux sont si bien représentées,
il continua sa course avec une nouvelle
ardeur.
Mais il voyoit approcher le terme de sa v ie , et celui
de ses glorieux travaux s’éloignoit chaque jour davantage
; il réfléchit de nouveau sur l’ensemble de ses projets.
11 médita avec plus d’attention sur la nature des
objets dont il n’avoit pas encore présenté l’image : il
vit bientôt que la grandeur de ses cadres ne pourrait
pas long-temps convenir aux sujets de ses peintures ;
que la multitude innombrable de ceux dont il lui res-
toit à dessiner les traits ,:s’opposerait invinciblement
à ce que chacun de ces sujets remplît une place distincte
comme chacun des oiseaux, des quadrupèdes,
et même des minéraux, dont il s’étoit occupé. Il décida
qu’il chercherait une manière nouvelle pour parler
des mollusques, des insectes, des vers et des végétaux.'
Il ne considéra plus l’histoire que l’on pourrait en faire,
que comme un ouvrage, distinct et séparé du sien.
Se renfermant, relativement aux animaux, dans l’exposition
de l’homme, des mammifères, des oiseaux,
des quadrupèdes ovipares, des serpens et des poissons,
il confondit les limites de son plan avec celles
qui séparent des mollusqq^s, des insectes et des vers,
les légions remarquables des animaux vertébrés et à
sang rouge, lesquelles, parleur conformation, leurs
mouvemens:, leurs affections, leurs habitudes, leur
grandeur, leur puissance et leur instinct, jouent les
premiers rôles sur la scène du monde, et ne le cèdent
qu’à l’homme, qui leur commande par le droit de son
intelligence dominatrice, et que la Nature leur a donné
pour roi.
L’Histoire des poissons devoit donc terminer dans
cette vue nouvelle Y Histoire naturelle, dont il avoit enrichi
son siècle et la postérité.
Il venoit de planer de nouveau sur les temps écoulés,
de marquer les époques de la Nature, et de représenter,
dans sept grands tableaux, les sept grands changemens
que la force irrésistible de la puissance créatrice lui
paroissoit avoir fait subir au globe de la terre ; il alloit
écrire l’histoire des cétacées pour compléter celle des
mammifères, lorsqu’il se sentit frappé à mort par les
coups d’une maladie terrible. 11 ne compta plus devant
lui qu’un petit nombre d’instans; il ne se réserva pour
le complément de sa gloire que l’histoire des cétacées ;
et daignant nous associer à ses travaux immortels, content
d’avoir le premier tracé le plan le plus vaste, d’en
avoir exécuté d’une manière admirable les principales
parties, d’avoir particulièrement soumis à son génie
les habitans de la terre et des airs, il nous chargea de
dénombrer et de décrire ceux des rivages et des eaux.
A peine eut-il disposé en notre faveur de ce noble
héritage, qu’il entra dans l’immortalité.
Nous n’avions encore publié que l’Histoire des qua