tentrionale qui pèsent plus de quinze kilogrammes. On
en a pris une du poids de plus de dix-neuf kilogrammes,
à Dertz dans la nouvelle Marche de Brandebourg, sur
les frontières de la Poméranie. On en trouve près d’An-
gerbourg en Prusse , qui pèsent jusqu’à vingt kilogrammes.
Pallas dit que le Wolga en nourrit de parvenues
à une longueur de plus d’un mètre et demi. En
1711 on en pêcha une à Bischofshause, près de Francfort
sur l’Oder, qui avoit plus de trois mètres de long,
plus d’un mètre de haut, des écailles très-larges, et
pesoit trente-cinq kilogrammes. On assure qu’on en a
pris du poids de quarante-cinq kilogrammes dans le lac
de Zug en Suisse; et enfin, il en habite dans le Dniester
de si grosses, que leurs arêtes peuvent servir à
faire des manches de couteau.
Les cyprins dont nous nous occupons peuvent d’autant
plus montrer des développemens très-remarquables,
qu’ils sont favorisés par une des principales
causes de tout grand accroissement, le temps. On sait
qu’ils deviennent très-vieux; et nous n’avons pas besoin
de rappeler que BufFon a parlé de carpes de cent cinquante
ans, vivantes dans les fossés de Pontchartrain,
et que, dans les étangs de la LiSsace, on a nourri des
individus de la même espèce, âgés de plus de deux
cents ans *.
Lorsque les carpes sont très-vieilles , elles sont sujettes
* Voyez le Discours sur la nature des poissons.
5 l I
à une maladie qui souvent est mortelle * et qui se manifeste
par des excroissances semblables à des mousses,
et répandues sur la têtp, ainsi que le long du dos. Elles
peuvent, quoique jeunes, mourir de la même maladie ,
si des eaux de neige, ou des eaux corrompues, parviennent
en trop grande quantité dans leur séjour,
ou si leur habitation est pendant trop long-temps recouverte
par une couche épaisse de glace qui ne permette
pas aux gaz malfaisans, produits au fond des
lacs, des étangs ou des rivières, de se dissiper dans
l’atmosphère. Ces mêmes eaux de neige, ou d autres
causes moins connues, leur donnent une autre maladie,
ordinairement moins dangereuse que la première, et
qui, faisant naître des pustules au-dessous des écailles,
a reçu le nom de petite vérole. Les carpes peuvent aussi
périr d’ulcères qui rongent le foie, l’un des organes
essentiels des poissons. Elles ne sont pas moins exposées
à être tourmentées par des vers intestinaux; et cette disposition
à souffrir de plusieurs maladies doit moins
étonner dans des animaux dont les nerfs sont plus
sensibles qu’on ne le croiroit. Le savant Michel Buniva?
président du conseil supérieur de santé de Turin, a
prouvé par plusieurs expériences, que 1 aimant exerce
une influence très-marquée sur les carpes, meme à
un décimètre de distance de ces cyprins, et que la
pile galvanique agissoit vivement sur ces poissons principalement
lorsqu’ils étoient hors de l’eau.
Cest sur-tout dans leur patrie naturelle que les