D E S P O I S S O N S . 545
ver sur un monument plus durable que le bronze
l’expression de mon amour et de mes regrets éternels !
Du moins, les amis de la Nature, qui parcourront
cette Histoire, ne verront pas cette page arrosée de
mes larmes amères, sans penser avec attendrissement
à ma Caroline, si bonne', si parfaite, si aimable, enlevée
si jeune à son époux désolé.
Le cyprin que nous consacrons à sa mémoire, et dont
la description n’a pas encore été publiée, est un des
poissons les plus beaux et les plus utiles.
A l’éclat de l’or et de l’argent qui brillent sur son
corps et sur sa queue, se réunit celui de ses nageoires,
qui sont d’un jaune doré.
Au milieu de l’or qui resplendit sur le derrière de la
tête et sur la partie antérieure du dos, on voit une
tache verdâtre placée sur la nuque, et trois taches d’un
beau noir, la première ovale, la seconde alongée et
sinueuse, et la troisième ronde, situées de chaque côté
du poisson.
Des taches très-inégales, irrégulières, noires et distribuées
sans, ordre, relèvent avec grâce les nuances
verdâtres qui régnent sur le dos.
Chaque commissure des lèvres présente un barbillon;
l’ouverture de la bouche est petite; un grand oriauprès
d’elle tant de momens heureux ; où elle a voulu reposer au milieu
de ses proches, et où les larmes de tous les habitans prouvent, plus que
tons les éloges, sa bienfaisance et sa bonté. Bénis soient ceux qui me
déposeront auprès d’elle dans son dernier asyle !
T O M E V .