elles multiplient beaucoup, parce que la plupart des
poissons voraces vivent loin des eaux froides, qu’elles
préfèrent.
Mais si elles craignent peu la dent meurtrière de ces
poissons dévastateurs,-çlles ne trouvent pas d’abri contre
la poursuite des pêehetfrs.
On les prend ordinairement avec la truble1 2, à la
ligne, à la louve ou à la nasse *.
Si l’on emploie la truble ou le truble, il faut le lever
très-vite lorsque la truite y est entrée, pour ne pas lui
donner le temps de s’élancer et de s’échapper.
La ligne doit être forte, afin que le poisson ne puisse
pas la casser par ses mouvemens variés, multipliés et
rapides.
La manière de garnir l’hameçon n’est pas la même
dans différens pays. On y attache de la chair tirée de la
queue ou des pattes d’une écrevisse ; de petites boules ,
composées d’une partie de camphre, de deux parties de
graisse de héron, de quatre parties de bois de saule
pourri, et d’uu peu de miel; des vers de terre; des
sangsues coupées par morceaux ; des insectes artificiels
faits avec des étoffes très-fines de différentes couleurs;
des membranes; de la cire; des poils; de la laine:; du
crin; delà soie; du fil ; des plumes de coq ou de coucou.
On change la couleur de ces fils, de ces plumes, de ces
1 Voyez la description de la truble, à l ’article du misgurn fossile.
2 La description de la louve et celle de la nasse sont dans l ’article du
pétromyzon lamproie
soies, de_ces poils, non seulement suivant la saison et
pour imiter les insectes qu’elle amène, mais encore
suivant les heures du jour"; et on les agite de manière
à leur imprimer des mouvemens semblables à ceux des
insectes les plus recherchés par les truites.
Dans l’Arnon, auprès de Genève, on pique ces poissons
avec un trident, lorsqu’ils remontent contre une
chute d’eau produite par une digue
Mais on en fait une pêche bien plus considérable à
l’endroit où le Rhône sort du lac Léman, dans lequel se
jette cette rivière d’Arnon. Nous lisons dans une lettre
que le savant professeur Pictet, aujourd’hui membre
du Tribunat, adressa en 1788 aux auteurs du Journal
de Genève, qu’à cette époque le Rhône étoit barré, à sa
sortie du lac, par un clayonnage en bois disposé en
zigzag. Les angles de ce grillage, alternativement sail-
lans du côté du lac et du côté du Rhône, présentoient
de part et d’autre des espèces d’avenues triangulaires,
dont chacune se terminoit par une nasse ou cage construite
en fil de laiton, et arrangée de manière que les
poissons qui y eutroient ne pouvoient pas en sortir.
Celles de ces nasses qui répondoient aux angles saillans
du côté du lac, se nonnnoient nasses de remonte ; et les
autres, nasses de descente. On laissoit ordinairement tous
les passages libres dès la fin de juin, afin de donner aux
1 Notes manuscrites du citoyen Pénières#
t Notes manuscrites du citoyen Decandolle,