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peuple politique ët guerrier, qui, après avoir étonné
et subjugué le monde, perdit l’empire avec ses vertus,
et fut précipité par la corruption dans 1 abîme creusé
par la tyrannie la plus avilissante. Mais avant de voir
ce que l’homme a fait de cette espèce, voyons ce quelle
tient de la Nature. ,
Dénuée de pectorales et de nageoires du ventre;
ayant sa dorsale, sa caudale et sa nageoire de lanus
non seulement très-basses, mais recouvertes d’une
peau épaisse qui empêche d’en distinguer les rayons et
la forme ; semblable aux serpens par sa conformation
presque cylindrique, ainsi que par ses proportions
déliées ; douée d’une grande souplesse et d’une grande
force, flexible dans ses parties, agile dans ses mouve-
mens, elle nage comme la couleuvre rampe; elle ondule
dans l’eau comme ce reptile sur la terre; elle
change de place par les contours sinueux qu’elle se
donne; et tendant ou débandant avec énergie les res-
Muræna. Salvian. fo l. S9, 60.
Id. Gesner, p. S7S5 et (germ..) fo l. 46 a.
Id. Jonston, lib. 1 , fit. 2 , a. y , tab. 5 ,f ig . 3, 4 ; Thaum. p . 422.
Id. Cbarleton, p . 126.
Id. Willughby, p. io 3.
Id. Raj. p . 34.
G ron ov. Mus. I , n . 16,
Myraina et smyraina. Artedi, Synonymia piscium, etc. auctore J . G.
Schn e ide r , etc.
Seb. Mus. 2 , tab. 69, fig- 4 et 5.
Catesby, Carol. a , tab. 20 ,2 1 .
Murène. Valmant-Bomare, Dictionnaire d’ histoire naturelle.
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sorts produits par les diverses portions de sa queue
ou de son corpa, !iju’elle p lie, rapproche , déplie,
étend en un clin-d’oeil, elle monte, descend, recule,
avance, se roulé et s’échappe avec la rapidité de
l’éclair.
Aristotp et Pline ont même prétendu, et l’opinion
de ces grands hommes est assez vraisemblable, que la
murénophis pouvoit, comme l’anguille et comme les
serpens, ramper pendant quelques momens sur la
terre sèche, et s’éloigner à quelque distance de son
séjour habituel.
Tant de rapports avec les vrais reptiles nous ont
engagés à joindre le nom à'ophis, qui veut dire serpent,
à celui de murène, pour en faire le nom composé
de murénophis, lorsque nous avons voulu séparer de
l’anguille et de quelques autres .osseux auxquels nous
avons laissé la dénomination simple de murène, les
poissons dont nous allons nous occuper.
Les murénophis établissent donc des liens assez
étroits entre la classe des poissons et celle des reptiles.
Nous terminons donc l’examen de cette grande classe
des poissons, comme nous l’avons commencé , c’est-
à-dire, en ayanjt sous nos yeux des animaux qui ont
de très-grands rapports avec les serpens : les murénophis
placés à la fin de la longue chaîne qui rassemble
tous les poissons, comme les pétromyzons à
son origine, rapprochent avec ces derniers les deux
extrémités de cette immense réunion, et après avoir
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