5.1-8 H I S T O I R E N A T U R E L L E
fermant pendant quelques jours dans une huche placée
au milieu d’un courant. On leur préfère celles qui
Vivent dans un lac, encore plus celles qui séjournent
dans une rivière, et sür-tout celles qui habitent un
étang ou un lac traversé par les eaux fraîches et rapides
d’un grand ruisseau, d’une rivière, ou d’un fleuve.
Tous les fleuves et toutes les rivières ne communiquent
pas d’ailleurs les mêmes qualités à la chair des carpes.
Il est des rivières dont les eaux donnent à ceux de ces
cyprins qu’elles nourrissent, une saveur bien supérieure
à celle dés autres carpes ; et parmi les rivières
dé France , on peut citer particulièrement celle du
Lot *.
* j ’ai reçu , il y a plusieurs années, sur les carpes du L o t , des
observations ptécièusès et très-bien faites , do feu le chef de brigade
Dauriére, dont la maison de campagne étoit située sur le bord de cette
rivière, et qui avoit consacré à l ’étude de la nature et aux progrès de l ’art
rural tous les momens que le service militaire avoit laissés à sa disposition.
Les amis des sciences naturelles me sauront gré de payer ici un tribut
de reconnoissance et de regrets à cet officier supérieur , avec lequel
j ’étois lié par les liens du sang et de l’amitié la plus fidèle 5 dont le souvenir
vivra à jamais dans mon ame attendrie ; dont la loyauté, la valeur,
la cdftstâiïce héroïque, l ’humanité généreuse, le dévouement sans bornes
aux devoirs les plus austères, le talent distingué dans'les emploi« militair.es,
le zèle éclairé dans les fonctions civiles , avoient mérité depuis long-temps
la vénération et l ’attachement de ses concitoyens, et qui, après avoir fait
dès prodiges dè ’bravoure dans la dernière guerre de la Belgique et de la
Hollande, y avoir conquis bien des coeurs à la République, et s’être dérobé
sans cesse aux récompenses et à la renommée, a trouvé en Italie le prix de
ses liaüts faits êt de ses vertus, le plus digne de ‘lui , dans la gloire de
înourir pour sa patrie, dans la douleur de ses frères d’armes, dans les éloges
D É S P O I S S O N S . 5.19
Dans les fleuves, les rivières .et les grands lacs , on
pêche les carpes .avec la aekie i ion emploie pour les
de Bonaparte. Nous ne croyons pas pouvoir lui^décerner ici un hommage
plus cher à ses mânes, qu’ en transcrivant la note suivante, qui nous a
été remise dans ,l,e temps par le brave chef 4e bataillon Cphendet, djgne
ami et digne camarade de Daurièr.e :
« Le chef dé la quatorzième demi brigade de ligné, le citoyen Daurîère,
» aussi recommandable par un courage digne des plus grandes âmes que
» par ses rares yertus et^sçs ta]ens;, marchant à la .tête et en avant de
» ses grenadiers , et -excitant encore leur bouillant courage du geste et
» delà voix, fut tué, au mois de nivôse an 5, à la prise des formidables
■» redoutesv d’A lla , qui défendôient les gorges du Tyrol et les approches
» de Trente.
»En dernier lieu, lors de 1,’évacuation du Tyrol par les troupes fran-
»cois.es, un détachement de la quatorzième passant par Alla sur les
»lieux témoins de ses exploits, et de la perte irréparable qu’elle avoit
»faite de son ch e f, fit halte par un mouvement spontanée et d’une
» voix unanime témoigna à l’officier qui le. çommandoit, le besoin qu’il
» avoit d’honorer les mânes de son généreux cqlonel.
» Le capitaine met sa troupe en bataille, lui fait présenter les armes
» prononce un éloge funèbre delçur respectable.commandant, et ordonne
» une décharge , générale.sur la terre qui renferme les restes précieux du
» chef de brigade.
» Brave Daurîère, quelle douce récompense pour ton coeur paternel si
» tu eusses pu voir cés fiers vétérans des armées du Nord et d’Italie les
» yeux baignés de.larmes, s’encourager, par,le récit de tes vertus, à re-
» doubler de zèle, de courage et d’amour, pour-leurs devoirs!
» Leur intention étoit de recueillir et de suspendre au drapeau dans
» une boîte d’or, des os du sage qui, pendant six ans, les avoit com-
» mandés avec tant d’honneur ; mais restée sur le champ de bataille
»le jour et la veille d’un combat, la demi-brigade avoit été forcée de
» confier, le pénible soin de sa sépulture à un petit,nombre d’officiers ;
» aucun -de ces derniers n’étoit présent, .et l’on eut la douleur de ne
» pouvoir découvrir le corps de Daurîère, »