d’un scombre. Aussi, malgré l’autorité de Rondelet,
qui l’a décrit en peu de mots , et qui en a fait graver
la figure, avons-nous failli à imiter la réserve de Linné,
de Daubenton“, de Haüy, de Gmelin, ainsi que des
autres naturalistes modernes, et à n’en faire aucune
mention dans cet ouvrage. Mais M. Camper, savant
naturalisté de Hollande, et digne fils de feu notre
illustre ami le grand anatomiste Camper, a eu la
bonté de nous apprendre qu’il possédoit dans sa collection
un individu de cette espèce que l’on ne doit rencontrer
que très-rarement, puisqu’aucun observateur
récent ne l’a trouvée. 11 a bien voulu ajouter à cette
attention-eelle de m’envoyer un dessin de cet abdominal,
que je me suis empressé de faire graver, et une
description très-détaillée et très-savante débet osseux,
d’après laquelle je ne puis que bien faire connoître
ce singulier poisson.
J’ai donc cru que la reconnoissance m’obligeait à
donner à l’objet de cet article le nom spécifique de
campérien • de même que j’ai pensé devoir réunir dans
son nom générique ceux des deux genres à chacun
desquels on rapporteroit sans balancer une de ses
parties antérieure ou postérieure, si on la vpyoit séparée
de l’autre.
Ce scombrésoce, suivant Rondelet, parvient à la
longueur d’un tiers de mètre. L’individu qui appartient
à M. Camper n’a que les trois quarts de cette longueur.
Les deux mâchoires sont assez effilées pour ressembler
347
aux d-eux mandibules d’une bécasse; ou plutôt, comme
elles sont courbées vers le haut, elles représentent assez
bien le bec d’une avocette : elles ont par conséquent
beaucoup de rapports avec celles de i’ésoce bélone.
La mâchoire:supérieure, plus courte et plus étroite,
s’emboîte dans une sorte de sillon formé par les deux
branches de la mâchoire inférieure, Ces deux mâchoires,
dans l'individu de Rondelet, étoient dentelées
comme le bord d’une scie. Dans l’individu de M. Camper,
moins grand et moins développé que le premier,
on voit à la surface supérieure de la mâchoire d’en-bas
un bourrelet garni de quatre aspérités, et situé très-
près de la cavité de la bouche proprement dite. La
langue, qui est courte et rude, peut à peine atteindre
jusqu’à ce bourrelet. L’ensemble de la tête a presque
le tiers de la longueur totale de l’animal.
Les yeux sont grands; chaque narine a deux orifices;
plusieurs pores muqueux paroissent autour des yeux
et sur les mâchoires ; le corps et la queue sont revêtus
d’écailles d’une grandeur moyenne, qui se détachent
avec facilité. Deux rangées de petites écailles, situées
sur le ventre, donnent à cette partie une saillie longitudinale.
Les pectorales sont échancrées en forme de
faux; les ventrales très-petites et très-éloignées de la
gorge ; la sixième petite nageoire dorsale d’en-haut et
la septième d’en-bas sont plus longues et plus étroites
que les autres. La couleur générale est d’un blanc de
nacre ou d’argent éclatant ; la partie supérieure du