elles étoient passées par le canal pneumatique jusque
dans la vessie natatoire *.
Le lavaret multiplie peu, parce que beaucoup de poissons
se nourrissent de ses oeufs, parce qu’il les dévore
^ lui-même , et qu’entouré d’ennemis il est sur-tout recherché
par les squales. On croiroit néanmoins qu’il
prend pour la sûreté de sa ponte autant de soin que la
plupart des autres poissons. Il se rapproche des rivages
lorsqu’il doit frayer; ce qui arrive ordinairemënt vers
la fin de l’été ou au commencement de l’automne. Il
fréquente alors les anses, les havres et les embouchures
des fleuves dont les eaux coulent avec le plus de rapidité.
La femelle, suivie du mâle, frotte son ventre contre
les. pierres ou les cailloux, pour se débarrasser plus
facilement de ses oeufs.: Plusieurs lavarets remontent
cependant dans les rivières : ils s’avancent en troupes;
ils présentent deux rangées réunies de manière à former
un angle, et que précède un individu plus fort ou plus
hardi, conducteur de ses compagnons dociles.. On a
cru remarquer que plus la vitesse.de ces rivières est
grande, et plus ils la surmontent avec facilité et font
de chemin en remontant ; ce qui confirmeroit les idées
que nous avons présentées sur la natation dès poissons,
* Lettre écrite, en l’an B ou en Pan 6 , par le citoyen Oclier- à son fils,
jeune homme d’une grande espérance, qui suivoit alors mes cours aveç
beaucoup de zèle, et que la mort a enlevé à ses amis et à sa famille, au
moment où , à l’exemple de son respectable père , il alloit parcourir avec
honneur la carrière des sciences.
dâns notre Discours sur leur nature, et ce c|uî prou—
veroit particulièrement ce principe important, que
les forces animales s’accroissent avec l’obstacle, et se
multiplient par les efforts nécessaires pour le vaincre
dans une proportion bien plus forte que les résistances,
jusqu au moment où ces mêmes résistances deviennent
insurmontables. Lorsque les eaux du fleuve sont bouleversées
par la tempête , les lavarets lutteroient
contre les vagues avec trop de' fatigue ; ils se tiennent
dans le fond du fleuve. L’orage est-il dissipé? ils se
remettent dans leur premier ordre, et reprennent
leur route. On prétend même qu’ils pressentent la
tempête long-temps avant quelle n’éclateÉ et qu’ils
u attendent pas qu elle ait agité les eaux pour se retirer
dans un asyle. Ils s’arrêtent cependant vers les chûtes
d’eau et les embouchures des ruisseaux ou des'petites
rivières, dans les endroits où ils trouvent des cailloux
ou d’autres objets propres à faciliter léur frai.
Après la ponte et la fécondation des oeufs, ils retournent
dans la mer ; les jeunes individus de leur espèce
qui ont atteint une longueur d’un décimètre, les
accompagnent. Ils vont alors sans ordre, parce qu’ils
ne sont point poussés, comme lors de leur arrivée
par une cause des plus actives, qui agisse en même
temps, ainsi qu’avec une force presque égale, sur tous
les individus , et de plus, parce qu’ils n’ont pas à surmonter
des obstacles contre lesquels ils aient besoin
de réunir leurs efforts. On assure qu’ils pressent leur
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