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retour lorsque les grands froids doivent arriver de
bonne heure, et qu’ils le diffèrent au contraire lorsque
l ’hiver doit être retardé. Ce pressentiment seroit une
confirmation de celui qu’on leur a supposé relativement
aux tempêtes; et peut-être, en effet, les petites
variations qui précèdent nécessairement les grands
changemens de l’atmosphère, produisent-elles, au milieu
des eaux, des développemens de g a z , des altérations
de substance, ou d’autres accidens auxquels les
poissons peuvent être aussi sensibles que les oiseaux
le sont aux plus légères modifications de l’air.
On pêche les lavarets avec de grands filets; on les
prend avec le tramail et la louve*; on les harponne avec
un trident.
La chair des lavarets est blanche, tendre et agréable
au goût. Dans les endroits où la pêche de ces animaux
est abondante, on les fume ou on les sale. Pour cette
dernière opération, on les vide; on les lave en dedans
et en dehors ; on les met sur le ventre, de manière
que l’eau dont ils sont imbibés puisse s’égoutter; on les
enduit de sel ; on les laisse deux ou trois jours rangés
par couches ; on les lave de nouveau, et on les sale une
seconde fois, en les plaçant entre de*s couches de sel
et en les pressant dans des tonnes, que l ’on bouche
ensuite avec soin. Si on les prend pendant les grandes
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chaleurs, on est obligé, avant de les saler, dales fendre,
et de leur ôter la tête et l’épine dorsale, qui se gâte-
roient aisément, et donneroient un mauvais goût au
poisson.
Ils meurent bientôt après être sortis de l’eau. On peut
cependant, avec des précautions, les transporter dans
des étangs, où ils prospèrent et croissent lorsque ces
pièces d’eau sont grandes, profondes, et ont un fond
de sable.
Au reste, ils varient un peu et dans leurs formes et
dans leurs habitudes, suivant la nature de leur séjour.
Voilà pourquoi les ferrais du lac Léman ne ressemblent
pas tout-â-fait aux autres lavarets. Voilà pourquoi aussi
on doit peut-être regarder comme de simples variétés
de l’espèce que nous décrivons, les gravanches, les pa-
lées et les bondelles, dont le citoyen Decandolle a fait
mention dans les notes manuscrites que ce naturaliste
si digne d’estime a bien voulu nous adresser.
Les gravanches ont le museau plus pointu, le goût
moins délicat, et ordinairement les dimensions plus
petites que les lavarets proprement dits. Elles habitent
dans le lac de Genève, entre Rolle et Morgas. Elles s’y
tiennent trop constamment dans les fonds, pendant
onze mois de l’année, pour qu’alors on puisse les
prendre : ce n’est que vers la fin de l’automne qu’elles
paroissent. On les pêche à cette époque avec un filet,
la nuit comme le jour; et on a essayé avec succès de les
prendre à la lanterne.