demi-mètre de longueur, et pèsent dix kilogrammes.
Lorsque dans le printemps les brèmes cherchent,
pour frayer, des rivages Unis ou des fonds de rivière
garnis d’herbagés, chaque femelle est souvent suivie
de trois ou quatre mâles. Elles font un bruit assez
grand en nageant en troupes nombreuses; et cependant
elles distinguent le son des cloches | celui du
tambour, ou tout autre son analogue, qui quelquefois
les effraie, les éloigne, les disperse, ou les pousse
dans les filets du pêcheur.
On remarque trois époques dans le frai des brèmes}
Les plus grosses fraient pendant la première, et des
plus petites pendant la troisième. Dans ce temps du
frai, les mâles, comme ceux de presque toutes les
autres espèces de cyprin , ont sur les écailles du dos
et des côtés, de petits boutons qui les ont fait désigner
par différentes dénominations, que l’on avoit observés
dès le temps de Salvian, et que Pline même a remarqués.
Si la saison devient froide avant la fin du frai, les
femelles éprouvent des accidens funestes. L’orifice par
lequel leurs oeufs seroient sortis, se ferme et s’enflamme;
le ventre se gonfle ; les oeufs s’altèrent, se
changent en une substance granuleuse , gluante*’ et
rougeâtre; l’animal dépérit et meurt.
Les brèmes sont aussi très-sujettes à renfermer des
vers intestinaux, et très-exposées à une phthfsie mortelle.
Elles sont poursuivies par l’homme, par les poissons
voraces, par les oiseaux nageurs. Les buses et d’autres
oiseaux de proie veulent aussi, dans certaines circonstances,
en faire leur proie; mais il arrive que si la
brème est grosse et forte, et que les serres de la buse
aient pénétré assez avant dans son dos pour s’engager
dans sa charpente osseuse, elle entraîne au fond de
1 eau son ennemi qui y trouve lâ mort.
Les bremes croissent assez vîte. Leur chair est
agréable au goût par sa bonté, et à l’oeil par sa blancheur.
Elles perdent difficilement la vie lorsqu’on les
tire de l’eau pendant le froid; et alors on peut les transporter
à dix myriamètres sans les. voir périr, pourvu
qu’on les enveloppe dans de la neige, et qu’on leur
mette dans la bouche du pain trempé dans de l ’alcool.
Le citoyen Noël nous a écrit qu’on avoit cru recon-
noître dans la Seine trois ou quatre variétés de la brème.
On peut voir à la tête d’une troupe de brèmes un
poisson que les pêcheurs ont nommé chef de ces cyprins,
et que Bloch étoit tenté de regarder comme un
métis provenu d’une brème et d’un rotengle. Ce poisson
a l’oeil plus grand que la brème; les écailles plus
petites et plus épaisses; l’iris bleuâtre; la tête pourpre;
les nageoires pourpre et bordées de rouge ; plusieurs
taches rouges et irrégulières; la surface enduite d’une
matière visqueuse très-abondante.
Bloch considère aussi comme des métis de la brème
et du cyprin large, des poissons qui-ont la tête petite
tome v. 76