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sont cependant moins semblables à celles des sal-
mones, que la manière de vivre des osmères et des
characins, parce que leurs1 mâchoires ne 9 ont pas garnies,
comme celles de ces derniers, des dents très-fortes
qui hérissent les mâchoires.dessa-Lmo-nes, et que, moins
bien armés pour attaquer ou pour se défendre, ils sont
forcés le plus souvent d’avoir recours à la ruse,'ou de
fuir dans un asjle.
' Parmi ces eorégones, une des espèces les plus remarquables
est celle do lavaret.
Nous avons vu dans le tableau du genre des corë-
gones, que la conformation de la tête du lavaret présente
un trait particulier : la prolongation de la mâchoire
supérieure, qui compose ce trait, est molle et
charnue. D’ailleurs, la tête est petite, et demi-transparente
jusqu’aux jeux. La mâchdire inférieure, plus
courte que celle d’en-baut, s’emboîte dans cette dernière,
et se trouve couverte par une grosse lèvre lorsque
la bouche est fermée. Ces deux mâchoires sont
dénuées de dents. La langue est blanche,! cartilagineuse,
courte et un peu rude; la ligne latérale presque
droite , et ornée de petits pointa d’une nuance
brune; la couleur générale bleuâtre; le dos d’un bku
Coregonus maxillâ superiore longiore, pinnâ dorsal!, ossiculorum qua-
tuordecim Ariedi, gen. io , syec. 3*], syii. 19.
JVillughby , Ichlhyol. tab. N. 6, fig. i.
Albula nobilis. Raj. Pisc. p. 60 , n. 1.
Lavaret, P.ondelet3 seconde partie3 chap. t 5r(édition de Jyon^ i 558).
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mêlé de gris ; l ’opercule, ainsi que les joues, d’un jaune
varié par des reflets bleus ; la partie inférieure du
poisson argentine , avec des teintes jaunes ; presque
toutes les nageoires ont la membrane bleuâtre, et les
rajons blanchâtres à leur origine.
Le lavaret a d ailleurs la membrane de l’estomac
forte:; le .pjlore entouré d’appendices; le canal intestinal
court; l’ovaire Ou la laite double; cinquante-neuf
vertèbres à l’épine du dos, et trente-huit côtes de chaque
côté de cette colonne dorsale.
On le trouve dans l’Océan atlantique septentrional,
•dans la Baltique, dans plusieurs lacs , et notamment
dans celui de Genève. Il se tient sou vent dans le fond de
ces lacs-et de ces mers : mais il quitte particulièrement
sa retraite marine lorsque les harengs commencent
à frayer; il les suit alors pour dévorer leurs oeufs. Il
se nourrit aussi d’insectes. Le citoyen Odier, savant
médecin de Genève, ajant disséqué un individu de
cette espèce que l’on nomme ferrât sur les bords du
lac Léman, a trouvé dans son canal intestinal un grand
nombre de larves de libellule s ou demoiselles, mêlées
avec une substance d’une couleur grise. Il crut même
voir la vessie natatoire pleine de cette même substance
vraisemblablement vaseuse-, -et de-ces mêmes larves ;
ce qui auroit prouvé que, par un excès de voracité,
l’individu qu’il examinoit avoit avalé une I grande
quantité de larves et de matière grise, que de l’estomac