>* Si l’on étoit assuré de la dilatabilité de ses iris, on
» pourroit donc croire que, lorsqu il est très-voisin de
»la surface des eaux, l’iris supérieur, exposé à une
» lumière- plus vive, se dilate au point de réduire la
» prunelle supérieure à une petite fente, et que le
» poisson voit nettement alors, par la prunelle infé-
» rieure beaucoup moins resserrée les corps placés
» au-dessous du plan dans lequeLil.se meut, les images
» de ces corps ne se confondant plus avec des impres-
» sions de rayons lumineux que ne laisse plus passer
» la prunelle supérieure.
» On pourroit penser de même que-, lorsqu au con-
» traire Tanableps est caché en partie dans le limon du
» fond des eaux, son iris supérieur, très-peu éclairé,
»se contracte, sa. prunelle supérieure s’agrandit en
» s’arrondissant, et le poisson discerne les objets flot-
»tans aü-dessus de lu i , sans que sa vision soit trou-
» blée par les effets de la prunelle inférieure, placée
» alors, pour ainsi dire , contre la vase , et privée, par
» sa position , de presque toute clarté.
» Au reste, on doit être d’autant plus porté à ettri-
» buer aux-iris de l’anableps la propriété de se dila-
» ter, que, sans cette faculté, les deux foyers du fond
» de l’oeil de cet animal serojent souvent simultané-
» ment ébranlés par des rayons lumineux trèsnom-
» breux. Mais comment alors la vision ne seroit-ello
» pas très-troublée , ;'et comment pourroit-il distinguer
i» les objets qu’il redoute, ou ceux qu’il recherche ?
»D’ailleurs, sans cette même extensibilité des iris,
» la prunelle supérieure seroit, pendant la vie de l’ani-
»mal, presque aussi grande que dans les individus
» conservés après leur mort dans de l’alcool affoibli :
»dès-lors, non seulement i l y auroit souvent deux
» foyers simultanément en grande activité, et par con-
» séquent une source de confusion dans la vision ; mais
» encore il est aisé de se convaincre, par l’observation
» de quelques uns de ces individus conservés dans de
»l’alcool, qu’une assez grande quantité de lumière,
» passant par la prunelle supérieure, arriveroit sou-
» vent jusqu’au fond de l’oeil et jusqu’à la rétine sans
» traverser le crystallin , pendant que ce crystallin
» seroit traversé par d’autres rayons lumineux trans-
» mis par cette même prunelle supérieure -, et la vision
» de l’anableps ne seroit-elle pas soumise à une cause
»perturbatrice de plus?
» Mais la plupart de ces dernières idées ne sont
» que des «conjectures ; et je regarde uniquement
» comme prouvé, que si l’anableps n’a pas deux
»yeux de chaque côté, il a dans chaque oeil deux
» cornées , deux cavités pour l’humeur aqueuse, deux
» iris, deux prunelles, et deux foyers de rayons lumi-
» neux. »
Bloch a examiné des foetus d’anableps; et il a vu
que, dans ces embryons , les deux prolongations de la
choroïde ne se réunissant pas, et la bande transversale
n’étant pas encore sensible, on ne distinguoit