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1838.
Mars.
Clara avoir vu, par un froid Irès-intense, dans la baie
d’Hudson, les champs de glace où il était cerné,
rompus tout à coup avec de grands craquements et
se dissoudre par fragments. Peut-être des observations
ultérieures, plus assidues, plus complètes et
surtout étudiées par un esprit habitué à rapprocher
les effets de leurs causes, finiront par lever nos incertitudes
à ce sujet. Pour moi, je dois me borner à indiquer
l’énigme, et laisser à d’autres le soin de la
résoudre.
Je me contenterai de dire que je partage entièrement
l’idée de ceux qui pensent que la glace ne saurait
se former en pleine mer; mais les masses de
glaces libres, qu’une cause quelconque a pu détacher
des terres pour les laisser flotter au gré des vents et
des courants, facilitent singulièrement la formation
des champs de glaces : d’abord en contribuant à diminuer
les agitations de la surface, et surtout en donnant
un point d’appui aux glaces qui viennent à se
former entre leurs flancs et finissent par s’étendre au
point d’aller s’unir aux glaces dont une autre montagne
a été le noyau ; de manière que cet ensemble
de petits systèmes glacés peut former une vaste plaine
solide, susceptible de lier entre elles des terres fort
éloignées les unes des autres.
J’aurais bien désiré prolonger mon séjour d’un
mois au moins dans ces régions, pour y mulli-
plier nos observations et pour compléter la reconnaissance
de la terre de Trinity ; il y avait surtout une
chose bien susceptible de tenter mon amour-propre
de capitaine ; c’était la certitude de pouvoir sans peine
atteindre à une latitude aussi avancée que Cook, Bel-
linghausen et Biscoe, comme a fait encore Wilkes tout
dernièrement, en poussant seulement quelques degrés
de plus à l’ouest. C’eût été l’unique moyen de fermer
la bouche à ceux qui, sans tenir compte , ni des circonstances,
ni de nos efforts, ni de nos misères, se
borneraient à nous alléguer froidement le fait matériel
que nous n’avions pas même pu atteindre le pa-
ralèle de 64“. Mais nos matelots avaient tant souffert,
ils avaient été si fatigués dans notre pénible navigation ,
et leur moral semblait si profondément attaqué, que
je sentis qu’ils n’auraient pas tenu à de nouveaux
efforts. Plusieurs seraient infailliblement devenus les
victimes de mon obstination et j ’aurais compromis la
santé de mes marins. Sans motif raisonnable, ni
même excusable, je ne pouvais penser cà faire à ma
seule vanité les sacrifices que j ’avais faits à l’intérêt de
la science et à l’accomplissement de mes instructions.
Devais-je oublier d’ailleurs qu’un vaste champ de recherches
nous était encore ouvert, et que la pointe
au pôle n’cavait jamcMs dû être qu’un épisode dans le
voyage de YAsivolabe et de la Zalec ?
Cependant, tout en prenant congé des régions antarctiques,
je me promis, dès celte époque meme, de
renouveler un jour ma tentcative , si les circonsiances
me le permettaient. Seulement ce n ’était pas sons le
méridien du cap Horn que je me proposais de recommencer
; c’était sons celui de la Tasmanie, sur
des mers encoi-e toiit-à-rail inconnues oiî je devais
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