I.S38.
Janvier.
il
par les premiers navigateurs, attendu que le fond
se termine par des terres basses, tandis que les deux
côtés sont dominés par deux chaînes assez élevées.
A neuf heures dix minutes le cap Saint-Séhastien
' nous restait à TO. du monde, et nous continuâmes
de ranger la côte à six milles de distance avec une
vitesse de six à sept noeuds. Seulement le ciel, jusqu’alors
très-beau, se couvrit et nous eûmes à essuyer
quelques grains qui nous masquaient de temps en
temps la vue de la terre.
A deux heures après midi, nous passions à quatre
ou cinq milles du cap Peñas, environné de roches
dangereuses qui s’étendent à près de deux milles au
large. Ce cap est encore remarquable en ce que c’est
Là où la côte de la Terre de Feu, jusqu’alors aride et
dépouillée, commence à se couvrir çà et là de bois
qui deviennent de plus en plus fréquents et touiîus,
à mesure que Ton avance au S. E.
Sur les six heures, nous rangions à la même distance
le cap Inès, et près de ce point nous vîmes un feu à la
côte, le seul qui eût frappé nos regards de toute la jour,
née. Dès huit heures, nous étions près du cap Saint-
Paul, j ’entrevoyais la table d’Orozco dont je comptais
approcher avant de mettre en panne, afin d’avoir ainsi
un excellent point de reconnaissance pour nos travaux
du jour suivant. J’avais en effet déjà communiqué
à M. Jacquinot mon projet de donner dans le
détroit de Le Maire, si le temps me le permettait.
Mais, précisément en ce moment, la brise du
S. 0. qui jusqu’alors nous avait fait filer régulièrement
sept ou huit noeuds, tomba subitement. Après
un moment de calme, elle se releva à l’e s t, si brusque
et si fraîche qu’elle semblait me présager un coup de
vent de cette partie. Un tel coup de vent eût été
peu agréable à recevoir dans ma position, aussi je
me hâtai de forcer de voiles en serrant le vent tribord
afin de m’écarter un peu de la côte.
A ma grande jo ie , dès onze heures le vent tomba
et nous laissa même en calme à deux ou trois lieues
de terre.
Dans le cours de cette journée, nous avons pu
relever d’une manière satisfaisante près de quatre-
vingt-dix milles de côte, et appuyer ce travail sur de
bonnes observations de latitude et de longitude. Les
opérations du capitaine King s’arrêtaient au cap Peñas
pour la Terre de Feu. C'est donc autant d’acquis à l’hydrographie.
La journée s’annonce sous d’heureux auspices, le
temps est très-beau. Une petite brise d’O. se décide
et fraîchit graduellement. Dès deux heures quarante-
cinq minutes du matin, nous gouvernons au S. E. ^S.
pour rallier la terre. Peu après nous reconnaissons
tous nos points de la veille, savoir: le cap Saint-
Paul, la table d’Orozco et d’autres accidents du sol;
en outre,'nous découvrons déjà les montagnes voisines
du cap Saint-Vincent, ainsi que celles de l’intérieur
de la Terre de Feu.
A six heures, nous n ’étions plus qu’à quatre on
cinq milles de la table d’Orozco, haute montagne
terminée, eomme toutes celles de ce nom, par un
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