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en vue dans le N. 0 ., malgré leur grande distance.
Sur notre route, les glaces devenaient nombreuses et
rapprochées, quelques-unes d’elles étaient imposantes
par leur masse et leur hauteur. A huit heures
je fus curieux de calculer les dimensions de celle qui
me frappait le plus par son aspect. Plusieurs bonnes
mesures s’accordèrent à me donner 70 mètres de
hauteur sur 400 mètres de longueur ; nous la prolongeâmes
à un demi-mille sous le vent et une autre que
nous laissâmes sous le vent à nous, devait avoir la
même élévation et trois ou quatre fois son étendue.
Vers dix heures et demie, nous aperçûmes confusément
au travers de la brume une bande de terre considérable
dans le S.E. Aussitôt je laissai porter pour
aller la reconnaître. Malheureusement, des paquets
d’une brume très-épaisse et des grains d’une neige fine
et serrée vinrent fréquemment nous contrarier. Une
demi—heure plus tard, nous distinguons subitement
trois petites têtes de roches noires à peu de distance
devant nous, et a midi d autres se présentent dans
l’est. En outre, nous comptons tout autour de nous
jusqu’à 72 glaces de fortes dimensions, sans parler des
fragments moins volumineux. On sent qu’au milieu
de tous ces obstacles, notre navigation dut devenir
très-épineuse et que je dus redoubler de vigilance.
Notre latitude était alors de 62" 57'. Nous étions déjà
parvenus sur le parallèle de l’île Hope, indiquée sur
la carte de Laurie.
Après avoir passé très-près des premiers rochers,
je poursuis ma bordée au S. S. E. et S. E. filant
environ quatre noeuds, avec une jolie brise d’O. S. 0.
et une mer assez belle. A mesure que nous avançons
les terres se dégagent; vers trois heures, nous les
voyons s etendre depuis 1 est, jusqu’à l’O. S. 0 . Dans le
S. 0 . elles sont divisées en trois parties, qui semblent
être autant d’îlots, puis sur bâbord elles ne forment
plus qu’une seule côte basse, uniforme, entièrement
couverte de neige , à l’exception de quelques pointes
ou rochers mis à nu.
Je ne m’estimais plus qu’à trois lieues de la partie
la plus voisine que dominait un beau piton tout
éblouissant de neige ; mais vers trois heures et demie,
un bandeau de brume, jusqu’alors stationnaire et immobile
devant n o u s, se dissipa brusquement et nous
permit de voir un amas d’îlots ou de rochers entourés
d’une banquise compacte sur laquelle nous courions
directement et dont nous n’étions plus qu’à un mille
au plus. Je virai de bord tout près de cette banquise,
à cinq milles environ de la grande te rr e , et je repris
la bordée du large, pour m’éloigner suffisamment des
glaces.
Le ciel s’étant éclairci entre six et huit heures du
soir, nous pûmes distinguer assez clairement'toute
l’étendue des terres que nous venions de découvrir.
J emploie cette expression, car malgré toutes nos suppositions
, nous ne reconnûmes rien de ce qui était
tracé sur 1 informe esquisse de la carte de Laurie. Le
haut piton qui s’élevait dans le sud, pouvait seul avoir
quelque rapport avec la montagne qu’avait dû voir
Bransfield, noiio])siant une différence de plus de dix
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