à la glace de ces terres, empêchent la vue d’en saisir aussi bien les
contours. Plus que dans les Shetland , autant que dans les
Powoell, la glace a envahi leur surface. Quelques rocs percent
aussi ça et là, servant de refuge aux cormorans et aux pingouins,
dont le nombre est très-grand. Les uns viennent par vols de deux
cents tourner autour du navire, tandis que les autres nagent en
bandes innombrables , jetant leurs cris désagréables à la surface
de la mer.
De hautes montagnes surmontent un rivage inabordable presque
partout, à cause de l’amoncèlement de la glace ; des îlots détachés
et des rochers se trouvent autour de la terre. Deux d’entre
eux reçoivent les noms de VAstrolabe et de la Zélée, tandis que
les plus petits reçoivent celui des officiers des deux corvettes. La
grande terre s’appellera Terre Louis-Philippe.
(Af. Desgraz.)
Note 1 1 7 , page i5 i.
Si, malgré nos efforts , nous n’avions pu réussir à pénétrer au
sud; si, dans cette tentative, nous avions été obligés de céder devant
des difficultés insurmontables, nous nous trouvions alors
un peu dédommagés par les nouvelles acquisitions que nous
étions à même de faire à la géographie, dans une partie du
globe où tout était encore si vague et approchait de l’inconnu.
[M. Jacquinot.)
Note 118, page i5 i .
Le temps nous favorisait pour reconnaître la côte ; nous fîmes
en sorte de l’attaquer le plus ouest possible. A quatre heures ,
nous en approchâmes à la même distance que la veille, et la vîmes
se tei’miner par une grande île de huit milles environ de longueur
; les champs de glacé en défendent les abords , et ce qu on
voyait de noir n’était qu’une suite d’îlots flanqués en avant. La
grande terre se terminait par une côte de glace abrupte eomme les
flancs des grandes îles qui devaient s’être détachées d’elle ; leur
nombre était alors si considérable qu’on ne pouvait les compter ;
elles rendaient la navigation fort difficile même avec beau temps et
au milieu du jour, car, à chaque instant, il fallait changer de
route pour elles. La brume , dans cette position, était donc très à
craindre ; elle nous surprit le soir près de cette côte , et nous fit
passer une nuit d’inquiétude. Le vent fut heureusement tres-
faible. Nous évitâmes plusieurs de ces îles en gouvernant au large
pour passer sous le vent, n’ayant pu être avertis de leur présence
que par le clapotis de la houle qui brisait sur elles. V Astrolabe
était près de nous, et celui des deux navires qui les voyait le premier
les signalait à l’autre à la voix. En manoeuvrant ainsi, nous
eûmes le bonheur de ne tomber sur aucune. Nous avions a
redouter un autre danger , celui de récifs ou d’îlots comme
ceux qui flanquaient la côte , souvent ensevelis sous les glaces
échouées dessus, et dont on risque d’approcher avec une confiance
souvent peut-être funeste, si on les prend pour des îles
de glace.
(Af. Dubouzet.)
Note 1 1 9 , page i53.
Notre reconnaissance étant arrêtée faute de vent, le commandant
a voulu employer ce temps d’une manière utile aux sciences.
Envoyé dans un canot pour accoster une glace et y observer 1 intensité
magnétique, nous n’avons pu débarquer nulle pa rt, et
nos tentatives ont été infructueuses autour de trois glaces consécutives.
Du moins notre course n’a pas été lout-à-fait inutile,
le docteur qui était de la partie, a pu tirer et tuer deux manchots
d’une espèce particulière ; le bec rouge ainsi que les pattes, une