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342 NOTES.
On a discuté longtemps sur la formation de ces grandes îles de
glace dans le voisinage des banquises, souvent fort loin d’elles,
et surtout dans le voisinage des terres antarctiques. L’opinion
la plus généralement admise à cet égard, et que tout ce
que j’ai vu m’engage à adopter , est que ces îles se forment près
des terres, et ne sont autre chose que des blocs qui se détachent
des grands champs de glace qui remplissent souvent toutes les
baies et toutes les inégalités des côtes. La grande épaisseur de ces
glaces, qui paraît si surprenante, provient de ce que la mer gèle
avec tant de foi’ce dans ces climats , dans les endroits abrités de
faction de la lame , qu’un hiver seul peut former un noyau très-
épais et suffisant pour résister à f agitation tütéi’ieure des flots ,
sur lequel les neiges et les pluies neigeuses condensées finissent
en peu de temps par former une couche de glace un peu moins
compacte, mais néanmoins solide, et donner à la masse l’épaisseur
qui nous surprend dans les îles de glace.
Les grandes îles de glace , dont nous avons vu quelques-unes
atteindre 80 mètres , et varier généralement enti’e 3o et 60 mètres,
doivent avoir été formées par les côtes de hautes falaises perpendiculaires
, dont la base était baignée par les eaux de la mer.
Leur séparation , dans ce cas , me semble ne pouvoir s’expliquer
que parce que leur masse , qui s’accroît chaque année par les
causes ci-dessus énoncées , finit par devenir telle que leur poids ,
finissant par l’emporter sur la force de cohésion, elles s’en séparent
violemment, et, semblables à ces énormes glaciers qui se
détachent des sommets des Alpes , elles tombent avec fracas dans
l’abîme. Là , elles restent échouées pendant des années et quelquefois
pendant des siècles , au pied de la côte escarpée qui les a
nourries, et ne se détachent que si l’élévation des eaux, l’effet des
tempêtes et des courants, ou celui de la mer qui mine sourdement
leur pied, et la diminution que ces eaux peuvent occasionner dans
leur volume, finissent par les mettre à flot. Quelquefois alors, elles
conservent dans leur course , exactement la même base qu’à lem
formation ; d’autres fois, par suite des chocs qu’elles ont éprouvés
ou des fragments qui s’en sont détachés, ou de l’inégalité des surfaces
auxquelles elles adhéraient, leur centre de gravité change,
l’équilibre est détruit, et la base est remplacée par quelqu’une
des faces.
(M. Dubouzet.)
Note i3 5 , page 178.
Malgré l’insuccès de notre tentative dans le pôle austral, noti e,
expédition n’aura pas été sans résultats. Nous avons acquis la
preuve de l’existence d’une barrière solide et infranchissable à la
hauteur du 62, parallèle, dans une saison qui devait offrir le plus
de chances pour trouver une mer libre. Car, à moins de s enfoncer
dans le sud vers la fin de l’été, lorsque la saison des glaces
ne fait plus de progrès , il faut bien choisir le mois de février,
sous peine de perdre tout espoir de retour, à cause du voisinage
de l’hiver et de la brièveté des jours, si l’on s’aventurait au mois
de mars. H suit de là que le passage au pôle sud par la voie du
capitaine Weddell ( si toutefois il a jamais existé ), n’est pas libre
tous les ans, et que le navigateur anglais n’a pu trouver une
route dégagée de glaces que dans un été très-chaud succédant à
un hiver peu rigoureux. Nous avons f i x é la position des terres
vaguement indiquées au sud des Shetland, et ajouté une assez
grande étendue de côtes à celles déjà aperçues par les baleiniers.
S’il devait entrer dans les vues du gouvernement français de
poursuivre avec persévérance la recherche du pôle et l’exploiyiticii
des terres australes, ce ne pourrait être que dans un but scientifique
, maritime ou commercial.
Or, dans l’état actuel de la science, il est peu probable que les
grandes questions du magnétisme et de la physique générale du
globe aient à espérer beaucoup de lumière de la découverte du