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1838.
Janvier.
24.
surprenante, vint nous envelopper complètement et
nous ravir même la vue de notre conserve, éloignée
de nous de 200 mètres au plus. Par-là, j ’appris avec
(jnelle réserve, avec quelle prudence je devais me
risquer à détacher du bord une embarcation, attendu
que si elle était surprise par la brume à une certaine
distance, et si la brise variait en même temps elle serait
fort exposée à ne pouvoir rejoindre, et alors ceux
qui la monteraient n ’auraient plus aucun espoir de
salut, et seraient dévoués à la plus affreuse des morts.
La brume refroidit singulièrement l’atmosphère
dont un beau soleil avait déjà élevé la température
à 4 et 5“. Très-rapproché de la banquise, entouré de
hantes glaces, je n’eus d’autre parti à prendre que
de rester aux petits bords sons les huniers aux deux
ris, afin de demeurer en place le plus que je pourrais.
Nous avions encore à redouter faction des courants,
mais je comptais qu’elle devait me faire longer la banquise
plutôt que de me porter directement dessus.
Il est à remarquer q u e, malgré le calme et les
beaux temps assez fréquents, depuis quelques jours
le niveau du mercure dans le baromètre occupe
une station très-basse. Depuis le 18, il s’est peu
écarté du chiffre 0“’,740; le 19 et le 20 il est même
descendu jusqu’à 0"’ ,735.
A minuit, la brume se dissipe, l’horizon est tour à
tour clair et brumeux, mais du moins nous y voyons
suffisamment pour éviter à temps une glace qui nous
barrait le chemin. A deux heures quarante - cinq
minutes, j’ai mis le cap au sud, bientôt la banquise
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s’est montrée devant nous, et à cinq heures et demie
nous avons revu les glaces de la veille. Eniin , a sept
heures et demie, nous nous retrouvions précisément
au même point où nous étions restés en calme,
entre deux grosses glaces dont, finie était celle
où M. Dumoulin avait fait ses observations. Cependant
nous eûmes d’abord quelque peine à la reconnaître
tant elle avait changé d’aspect. Un large fragment
s’en était détaché et l’un de ses flancs paraissait
plus enfoncé dans les eaux qu’il ne l’était auparavant.
Cela joint à une détonation entendue durant la mut
dans sa direction, donna lieu de penser qu’un ébou-
lement considérable s’était opéré et avait modifié ses
formes.
E n approchant delà banquise, n o u s nous sommes
aperçus que ses bords subissaient aussi une décom-
posilion rapide, mais cela n’avait lieu que sur la lisière.
Au-delà la plaine se montrait encore solide
et compacte. En outre , l’oeil ne pouvait y découvrir
aucune apparence de passe. Les illusions d’optique
qui nous montraient il y a deux jours des villes, villages
et paysages, se sont reproduites ce matin d une
manière très-remarquable.
Dans la nuit il a gelé assez fo rt, et l’air est piquant,
mais le ciel est clair et le soleil propice aux
observations.
Notre route a lieu le long de la banquise à un ou
deux milles de distance, tellement que nous pouvons
en saisir les moindres accidents. Sa direction est celle
du S. 0 . an N. E. De distance en distance, elle est
18-88.
Janvier.
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