1838.
Janvier.
■52 VOYAGE
plus satisfaisants sur les mouvements et les évolu-
iutioiis des glaces australes , matières aujourd’hui
encore couvertes d’un voile si obscur.
D’excellentes observations ont donné pour notre
position, à midi, 63“ 39' latitude S.; 47°7'longitude 0.
et 16“ N. E. pour la déclinaison de l’aiguille.
De midi à deux heures, le soleil brillant au milieu
d’un ciel très-pur, avait déjà acquis quelque chaleur,
et nous voyions de toutes paris des filets d’eau s échapper
le long des flancs des glaces en fusion, et tomber
à la mer en murmurant comme autant de petites
cascatelles.
A neuf heures du soir, nous passons enfin près de
la pointe qui nous semblait faire une saillie très-marquée
vers le nord. Là, voyant les glaces brisées et
divisées en fragments mobiles et peu volumineux et
la mer lib re , j ’engageai sans hésiter les deux corvettes
au travers , et en quelques miiintes nous eûmes
traversé cette pointe.
Au-delà, la direction de la banquise semblait être
le S. S. 0. puis l’ouest , et du haut de la mâture elle
paraissait se replier vers l’avant, de manière à former
sur ce point une large et vaste baie semée çà et là
de grosses montagnes de glace. L’une d’elles surtout,
de dimensions énormes, ressemblait à une citadelle
carrée , pourvue à sa base et à chacune de ses faces,
d’ouvertures demi-circulaires, semblables à de grandes
portes de cachots ou de magasins.
Je fis route encore quelque temps à l’E. N. E. pour
m’éloigner un peu de la banquise, et à huit heures ,
je restai aux petits bords sous les huniers. L’air et la
mer étaient d’une admirable tranquillité. Nous avons
observé plusieurs baleines de Vesphce fin-back, quelques
pétrels blancs, pingouins et pétrels aux ailes
bordées de brun.
L’eau de la mer se trouvait à 0“, et je voulus m’assurer
si cette température suffisait pour fondre la
glace. En conséquence, je plongeai dans un sceau de
cette eau un morceau de glace d’un demi-kilogramme
; au bout de trois heures environ, la moitié
était déjà fondue.
De deux à quatre heures du matin, il tombe de
légers grains de neige, puis le ciel s’éclaircit et nous:
avons un temps superbe, avec de petites fraîcheurs
du N. 0. à rO. qui nous permettent à peine de filer
un ou deux noeuds de FE. N. E. à FE. S. E. La banquise
règne dans toute la partie du sud, jusqu’au
N. E. Autour de no u s, nous ne comptons pas moins
de quarante îles principales de glace, dont deux très-
étendues et plusieurs très-hautes. A cela près la
mer est libre et il y a peu de petits fragments.
Dans la partie du sud , diverses apparences de
terres plus ou moins spécieuses se sont présentées à
nos regards pour s’évanouir ensuite. Mais sur les
neuf heures environ, Fune d’elles, sous la forme
d’une terre très-haute, bien accidentée et se terminant
des deux côtés en longues pointes basses, par la pureté
de ses lignes sur un ciel serein et surtout par leur
permanence, m’a si bien convaincu, que j’ai invité
l’ingénieiir à en commencer le relevé; Fülusioii fut
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