lîb p :
■J| :eï'
J
iVj: ■ia'B
i838.
Février.
114 VOYAGE
an bout d’un an il se guérit et il est rentré en France
bien portant.
Une fois au travers des glaces mobiles, malgré leur
l approchement, la navigation fut plus facile et il ne
s’agit plus que de gouverner avec une extrême précision
pour ne pas les aborder; moins favorisés que la
Zélée, nous étions venus aboutir dans notre course
sur un point où la banquise se trouvait bordée de blocs
énormes et tranchants, au travers desquels il était
bien difficile de se débrouiller et qui auraient pu nous
démolir en peu d’instants avec le vent qui soufflait.
Mais nous fûmes heureux ; débarrassés des dernières
n. XXV. glaces de la banquise, nous nous élançâmes vers la
pleine mer, où nos corvettes purent évoluer en tous
sens, libres et légères comme les poissons d’un lac
en sortant des joncs et des roseaux qui les ont longtemps
tenus captifs. D’un mouvement spontané, nos
matelots s’écrièrent : Enfin nous voilà sauvés, nous
sommes revenus sur le liquide *. Lu Zélée avait été délivrée
cinq minutes avant nous.
On conçoit aisément que je fus moi-même soulagé
d’un terrible fardeau. En effet, aux inquiétudes les
plus vives succédaient tout à coup l’espérance et la
sécurité. Quelques moments auparavant je pouvais à
peine compter sur le salut de mes navires, et désormais
je me retrouvais maître de mes mouvements, de
mes projets et de mes opérations. Semblable h ces
monarques déchus qu’un coup du sort replace son-
" Notes 8 3 , 8 4 , 8 5 , 8G, 87 , 88, 89, 90 et 9
dain au faîte de leur puissance, quelques moments
avaient également suffi pour me faire rentrer dans
toute la plénitude de mon autorité. Toutefois, en
passant en revue les suites de ma tentative, je me
promis sérieusement d’être plus prudent à l’avenir et
d’avoir beaucoup plus de respect pour les banquises
qui se présenteraient sur ma route.
1838. Février.
Il'î,
4
Jiüi