1820, doivent êtres rares; mais d ’autres que moi ont
dû en être témoins. Autrement, comment expliquer
ces expressions de divers navigateurs et de Cook lui-
même qui d it, en parlant de quelques-uns des coups
de vent qu’il eut cà essuyer : « Les lames étaient devenues
de véritables montagnes, elles étaient plus
hautes que notre mâture, etc. »
Jamais des lames de 6 mètres de hauteur ne peuvent
donner lieu à de semblables assertions. Je pense,
il est vrai, que dans la Méditerranée ce doit être la limite
habituelle des fortes ondulations de la mer.
Cependant, dans le sein même de ce bassin si limité,
il paraîtrait qu’en certaines circonstances, les vagues
de la mer pourraient atteindre des dimensions bien
plus élevées. En effet, des officiers expérimentés et
dignes de foi, qui avaient été témoins du coup de
vent qui maltraita si cruellement l’escadre de M. l’amiral
Ilugon au commencement de 1841, ont assuré
avoir vu quelquefois l’extrémité des basses vergues
d’un vaisseau de 90 canons labourer la crête des
lames : et pour que cela soit possible, quelle doit
être la hauteur de ces dernières?
Quoiqu’il en soit, M. Arago a communiqué lui-
même à l’Académie des sciences une noie de M. Henry
de Missiessy, enseigne de vaisseau, d’où il résulte
que dans un violent coup de vent près des Açores, cet
officier avait mesuré des vagues de 13 à 15 mètres de
hauteur. C’est déjà le double et plus de la limite
qu’on voudrait leur assigner. Pourtant je ne mels
nullement en don le qne de nonveiics observations
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nous procureront encore des chiffres bien plus élevés.
Je pourrai encore citer le capitaine Back qui, dans
sa merveilleuse navigation de la baie d’Hudson, au
milieu de l’hiver de 1836 à 1837, estima par deux fois
à 30 pieds de hauteur (mesure anglaise) ou 9 mètres
environ la hauteur des vagues qui venaient l’assaillir.
Une fois, en o u tre , ces vagues se composaient de
glaçons qui jouissent au plus haut degré de la propriété
d’apaiser la mer la plus agitée, et le beu de
l’observation est un bassin très-resserré, où la mer
ne peut jamais parvenir au quart de la hauteur qu’elle
peut atteindre aux latitudes et dans les parages où
les ondes sont susceptibles d’acquérir plus de deux
mille lieues de développement.
Comme il est facile de le voir, cette digression n’a
pas eu pour but de soutenir les chiffres de 25 ou 30
mètres, que je n’ai jamais donnés que comme une
approximation; mais simplement d’établir le fait que
les ondulations de la mer peuvent, en quelques parages
et sous l’empire de certaines circonstances, atteindre
des dimensions bien supérieures à la prétendue
limite de 6 mètres. En outre, mon but est d’attirer
sur ce fait l’attention des navigateurs futurs; car c’est
seulement au moyen de leurs observations et des renseignements
qu’ils nous fourniront, qu’on pourra
fixer toute espèce d’incertitude à cet égard. C’est
pourquoi je souhaite que mes lecteurs, et M. Arago
lui-même, ne voient dans ces réflexions que le désir
de rétablir, dans l’intérêt de la science, la vérité des
faits, et nullement l’intention de raviver une polémi-
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1838.
Avril.