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En un mot, il nous parut que le dégel continuait encore
ses progrès. Arrivés plus ta rd , nous aurions eu
peut-être plus de chances de réussite,
A la n u it, le nombre des glaces flottantes était de
quarante, sans compter celles qui paraissaient encore
fixées près du rivage.
Après une nuit de calme fort sombre, à cinq heures
du matin, il s’élève une petite brise du S. E. dont je
profite pour cheminer entre l’ouest et le S. 0. ce qui
donne à M. Dumoulin le moyen de compléter la géographie
du groupe des îles New-South-Orkney ; car
quoique la brume nous cache la cime de l’île Corona-
tion, l’horizon est bien terminé et tous les points de la
côte se montrent purement dessinés, depuis la pointe
est de Lanrie jusqu’à la pointe ouest de Coronation.
Malgré la brume , une bande lumineuse ne cesse de
régner sur les champs de glace qui couvrent les
hautes te rre s , et offre un contraste prononcé avec la
teinte sombre du ciel. Quand on voit cette bande lumineuse,
on peut en conclure hardiment que les
plaines de glaces sont au-dessous : mais il serait imprudent
de trop compter sur cet indice, car j ’ai pu
m’assurer qu’il ne se présente pas toujours, et cela
dépend sans doute de certaines circonstances atmosphériques
encore inconnues.
A midi, nous nous trouvions à cinq milles au nord
de l’île Penguin ; nous avions en vue les îles Inaccessibles,
et les deux sommets de Saddle se montraient
encore dans l’est. L’île Coronation s’abaisse dans sa
partie occidentale et forme une immense plaine de
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glace et de neige qui descend doiicement à la mer el
s’y termine en falaise sapée par les îlots. Les blocs qui
s’en détachent forment évidemment les montagnes
flottantes qui nous entourent.
Dans l’après-midi, le temps est beau, quoique toujours
couvert. De longues houles d’est sont croisées
par intervalles par des lames plus creuses encore et
plus longues venant de l’ouest, trois par trois. Une
légère brise de l’E. S. E. nous pousse lentemenl an
S. 0 . ^0.
Tous les animaux marins semblent s’être réunis
dans ces parages. Les baleines de diverses espèces
sont nombreuses, des troupes innombrables de pingouins
circulent dans les eaux et nous regardent
passer de dessus les glaçons où ils sont gravement
perchés. Rien n’est plaisant comme de les observer
au moment où ils veulent sortir de l’eau pour prendre
l’air sur un glaçon. Ils s’en approchent, tâchent de s’y
cramponner en s’aidant du bec, des pieds et de leurs
moignons d’ailes ; mais il est bien rare qu’ils réussissent
du premier coup, souvent ils dégringolent plusieurs
fois sur le talus glissant, et ce n ’est qu’à l’aide
d’une lame propice qu’ils parviennent enfin à s’établir
au poste qu’ils convoitent. Pour se remettre à
l’e a u , ils n’ont qu’à se laisser glisser, et ils s’y précipitent
souvent la tête la première, sans s’inquiéter en
aucune façon de leur chute.
Les pétrels de toutes les espèces voltigent dans les
airs, ainsi que quelques albatros. Enfin je vois flotter
à la surface des eaux des paquets d’un Fucus qui ap-
-183.8.
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