Note 8o, page n o .
Nous attendons qu’il plaise aux vents du sud de souffler. La
corvette reçoit de tous côtés de violentes secousses ; mais nous y
sommes faits. Tout est morne autour de nous. On n’entend que
le sifflement lugubre du vent à travers nos cordages gelés. Notre
horizon, très-borné par la neige, nous empêche de rien apercevoir
; mais on entend distinctement le brisant de la mer sur
Faccore de la banquise. Nous nous sommes amusés à démolir un
glaçon pointu qui était le long du bord; on a rempli deux caisses
à eau de ses débris. Il était dur comme du marbre, et c’est à peine
si les pics à rocs pouvaient l’entamer.
[M. Demas.')
Note 81, page 1 10.
A midi, une forte et longue houle arrive jusqu’à nous. Dans la
nviit qui vient de s’écouler, le vent a soufflé avec beaucoup de
force, et c’est probablement à lui que nous devons cette houle.
Le navire roule un peu , et des chocs continus en sont la suite ;
malgré toutes les précautions, il fatigue fortement. Si nous étions
pris par un coup de vent, une forte houle et les glaçons d’avant-
bier, nul doute que nous serions démolis en entier.
(M. Dumoulin.)
Note 82, page 110.
La pluie a continué toute la nuit ; ce matin , la neige lui succède.
La blancheur des glaces semble avoir augmenté ; il est impossible
de les regarder sans être ébloui. Plusieurs personnes se
plaignent de maux d’yeux. Labrume voile l’horizon lorsqu’il ne
neige pas; elle empêche de voir la mer dans le N. O. ; mais son voisinage
est assuré par la forte houle qui jette les glaçons sur les
flancs de la corvette. Elle les soulève autour de nous en pesantes
ondulations , et nous fait éprouver de violentes secousses.
La corvette, à chaque instant, tremble sous un nouveau choc ;
elle ne pourrait pas résister à une longue série de pareilles atteintes,
la glace finirait par la détruire. On manoeuvre sur les grelins
pour éviter les chocs des grosses masses qui pourraient nous causer
du dommage. Heureusement, le vent diminue de violence ,
la houle paraît se calmer, Y Astrolabe ne roule plus autant sur
une mer de glace. Les vents passant à l’est, donnent l’espoir de
les voir sé fixer au sud, et nous aider à quitter cette position ennuyeuse.
On a tué deux phoques dans la journée, et on a détruit
une glace qui menaçait notre bord , pour faire de 1 eau.
(M. Desgraz.)
Note 83 , page i i4-
A six heures du matin, la brise du nord avait entièrement
tombé, et une fraîcheur du sud commençait à la remplacer; un
abaissement dans le bai’omètre (il ne mai’quait que 27 p. i 1.)
indiquait que cette dernière fraîchirait, et nous nous hâtâmes
d’en profiter pour tâcher de sortir de la prison dans laquelle nous
étions enfermés. Le ciel brumeux ne permettait pas de voir loin
devant nous, et nous n’avions pour horizon qu’une plaine de
glaces collées les unes aux autres , qui ne laissaient apercevoir
que de légères séparations. C’était un combat que notre corvette
allait livrer , et qui devait lui laisser plus d’une blessure. Nous
étions toujours portés à penser qu’il fallait faire route auN. O.
pour atteindre le plus promptement possible la mer libre, et nos
conjectures se ti’ouvèrent fondées.
A six heures et demie, nous mîmes sous voiles, et nous commençâmes
à nous frayer un chemin , en nous aidant d aussières
que nous amarrions aux îles les plus fortes , et que nous viiions
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