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1838.
Mars. je pense, nul homme de bonne foi ne pourra conserver
de doutes.
A défaut de réussite, nous avons du moins établi le
fait négatif suivant. C’est qu’en l’année 1837 et 1838,
les glaces du pôle austral n ’offrirent aucun passage
dans les mêmes lieux et à la même époque de l’année
où Weddell avait pu y naviguer librement et s’avancer
jusqu’au 74” degré.
Soit, dira-t-on peut-être ; mais vous auriez dû
reconnaître l’espace compris entre le méridien de 48”
à l’ouest de Paris et les terres Louis-Philippe ; sans
doute, si j ’avais pu prévoir le sort qui m’attendait dans
ma triste et stérile recherche vers l’e s t, je me serais
dirigé de préférence à l’ouest, et il eût été d’un grand
intérêt de constater les limites orientales de la terre
Louis-Philippe ou du moins le point où la banquise
vient se souder aux glaces qui doivent cerner sa côte.
Mais, en examinant la route de Bransfield, ne devais-
je pas songer qu’à moins de cinquante lieues de distance
je retrouverais la banquise qui l’avait arrêté
en 1820 et qui, suivant toutes les probabilités, ne
devait être que la continuation de celle qui avait borné
mes propres efforts? En outre, nonobstant les découvertes
que j’aurais pu faire, un hourrah général de
blâme ne se serait-il pas élevé contre moi, même au
sein de mes bâtiments? Ne m’aurait-on pas reproché
d’aller chercher le passage partout ailleurs
qu’aux endroits où Weddell avait dû le trouver?
D’aussi puissants motifs me conduisirent dans la
voie que je suivis, et ce ne fut qu’au »bout d’un mois
d’efforts aussi persévérants qu’inutiles, que je renonçai
à toute tentative ultérieure vers le pôle. Alors
il me sembla que tout ce que j ’avais de mieux à faire
était de compléter l’exploration des îles Orkney et
d’étendre mes reconnaissances aux îles New-South-
Shetland et même aux terres vaguement indiquées
encore plus au sud. Malgré de nombreuses contrariétés
, la découverte de la terre Louis-Philippe, des
îles et des îlots qui l’accompagnent est le fruit de
cette résolution, et aux yeux de bien des personnes,
cette découverte peut balancer les quelques degrés
auxquels il a fallu renoncer.
En outre, de nombreuses observations de physique
et surtout de magnétisme ont été enregistrées. La météorologie
a eu sa bonne p a rt, et il n’est pas jusqu’à
l’histoire naturelle qui n ’ait profité de nos efforts,
malgré la stérilité dont la nature est frappée, sous le
rapport des êtres organisés, dans ces âpres régions.
Un mot maintenant sur les montagnes de glace,
leur origine, leur formation et leur marche.
Nous sommes restés presque tous convaincus que
ces immenses blocs, qui ont reçu les noms vulgaires
d’îles et de montagnes de glace, ne se forment point
en pleine mer et ne proviennent point des champs de
glace qu’on peut trouver au large; ils ont dû prendre
leur origine près des terres, s’en détacher, par des
causes qu’il est bien difficile d’expliquer complètement,
pour se diriger vers la haute mer, et à l’aide
des courants du sud qui régnent presque toujours
dans ces parages, cheminer lentement vers les mers