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foit gagner bien du temps, et eût épargné à nos hommes la peine
et le danger de courir sur la neige et la glace qui souvent s’éboulaient
sous leurs pieds. La brise d’O. S. O. ayant manqué tout-
à-ünt, le calme et quelques légères fraîcheurs d’est auN. E. lui
succédèi'ent. On eut alors recours aux moyens employés la veille
pour marcher à pas de tortue. Les difficultés que nous eûmes à
vaincre étaient telles que, dans une journée d’un travail sans relâche,
nous ne pûmes franchir plus d’un mille de largeur de la
banquise. Nous fûmes cependant favorisés par un assez beau
temps. Ln soleil jaunâtre , perçant pendant quelques heures fé-
paisseur de labrume, échauffa l’air jusqu’à trois ou quatre degrés.
L’influence de cette température ne tarda pas à se faire sentir sur
la glace, qui éprouva un commencement de fusion. On entendait
quelquefois le craquement des glaçons. Cette apparence de dégel
nous donna une nouvelle ardeur, et nous fît espérer une prochaine
délivrance.
Cependant, la mer paraissait s’éloigner à mesure que nous nous
enfoncions péniblement dans cette plaine de glaces. Le soleil disparut
bientôt dans un ciel ardoisé , e t, avec lui, nous perdîmes
cette douce chaleur qui pouvait seule nous venir en aide.
A cinq heures du soir, les difficultés augmentèrent ; les glaçons
avaient repris une dureté qui ne cédait qu’aux coups redoublés
de la pioche et de la pince à mineur. Les débris provenant du
dégel de la journée obstruaient tous les petits canaux, et rendaient
fort difficile le déplacement des gros blocs. On parvint
pourtant à conquérir 200 mètres sur ce terrain ingrat. Nos hommes,
ayant déjà leui’s mains entamées par les amarres qui étaient
gelées, ne pouvaient plus haler ; on prit donc le parti de virer au
cabestan.
On remarqua avec surprise que l’un des glaçons que nous venions
d'atteindre était ensanglanté ; nos matelots, en le visitant,
ti’ouvèrent sur la neige un bâton et une galette de biscuit. Cette
rencontre parut d’abord singulière. On n’avait chassé les phoques
que dans la matinée, et les glaçons où ils avaient été égorgés restaient
déjà loin derrière nous. 11 parut donc évident qu’après bien
des détours dans ce vaste désert, où nous avions erré souvent dans
une obscurité profonde, le hasard nous avait ramenés auprès du
même glaçon où, dans la matinée du jour précédent, on avait tué
quelques veaux marins.
A huit heures du soir, on s’amarra pour la nuit ; la Zélée relâcha
àenviron 3oo mètres de distance. Tous les officiers de cette
corvette s’acheminèrent sur la glace pour venir à bord. Nous nous
félicitâmes ensemble des progrès déjà faits, espéi’antdans la journée
du lendemain nous remettre à flot.
Le maître voilier, homme actif, intelligent et plein de zèle, fut
expédié par le commandant du côté du nord pour reconnaître la
mer. Après une course très-pénible, Rougier rapporta que la mer
était encore très-éloignée, et qu’il croyait même avoir aperçu ,
dans le lointain , une nouvelle banquise. Il avait trouvé la plaine
très-compacte, et les glaces plus fortes et plus épaisses que celles
qui nous entouraient.
A dix heures et demie du soir , il s’élève une petite brise d’est
qui semble disloquer la banquise et mettre les glaces en mouvement.
On manoeuvre les amarres , le petit foc et 1 artimon, pour
éviter leur choc. Tout ceci nous présage pour demain une belle
journée.
(A/. Roquemaurel.')
Note 74, page io4-
Quand j’allais de glaçons en glaçons, j’avoue que quelquefois
j’avais le pied beaucoup moins sûr, eu pensant que le petit intervalle
qui séparait ces deux blocs, à peine élevés de deux ou trois
décimètres au-dessus de l’eau, était l’Océan en pleine mer, et qu’il
y avait une profondeur incommensurable. Comme la neige couvrait
partout la glace, on pouvait fort bien, en croyant mettre le
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