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les huniers , et de prendre la cape sous les voiles goélettes et le
tourmentin.
(Af. Gervaize.')
Note g i, page ii4 -
Les vents ont enfin passé au S. E. , en éclaircissant la brume
qui nous enveloppait ce matin. Ils fraîchissent, mais, trop encaissés
dans les glaçons resserrés, nous demandons une impulsion
plus vigoureuse pour nous frayer une route. La Zélée se voit dans
l’éloignement où la dérive l’a conduite ces jours passés , faisant
tous ses efforts pour nous rejoindre ; ses progrès, quoique lents,
sont réels. La force du vent l’emporte sur la résistance de la
glace, la Zélée avance. A dix heures , nous imitons sa manoeuvre
; nos voiles sout bordées pour aider les efforts de l’équipage
virant au cabestan. Nous avançons péniblement; mais nous
avançons sans secousses violentes. La corvette déplace les glaçons
par une pression lente, mais constante; leur resserrement extrême
nous empêche d’éprouver les chocs brusques , inévitables
dans un endroit plus libre. La houle des jours passés a cessé et
ne s’oppose pas à notre marche. Les vents passent au S. S. E. et
augmentent de violence en même temps qu’ils refroidissent l’atmosphère
; leur impétuosité fait craindre pour les mâts : le petit
mât de hune semble devoir se rompre à chaque instant. La corvette
donne une forte bande dans la glace; mais le vent est propice,
il faut en pi'ofiter, et notre voilure reste la même. Bientôt,
la mer, estimée à deux milles , appai’aît à moindre distance; on
la voit de plus en plus près , les glaçons s’écartent de plus en
plus : l’instant devient critique. La corvette n’est plus soutenue
par un lit compacte , la mer libre lui donne une vitesse redoutable,
à cause des chocs qu’elle occasionne sur les glaçons qu’elle
ne peut éviter. Deux secousses très-fortes donnent de l’appréhension
pouiTes suivantes. Enfin, évitant un énorme glaçon qui
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menace , pendant quelques instants , de démolir nos porte-haubans
de tribord, les deux navires, à quatre heures et quelques
minutes, quittent la banquise , les huniers amenés, les basses
voiles carguées. La mer, peu forte sur les bords de la banquise ,
devient mauvaise plus loin. Le vent est très-violent, et le froid ,
au moment de notre sortie, fait baisser le thermomètre centigrade
de 3 degrés au-dessous de zéro. Nous n’avions pas encore éprouvé
un pareil abaissement de température.
Peu d’instants après, nous sommes à la cape sous les voiles
goélettes, et nous donnons un dernier coup d’oeil à la banquise.
Malgré les chocs répétés éprouvés par XAstrolabe, elle ne fait pas
d’eau. Lorsque le maître calfat eut donné cette assurance, à peine
pouvait-on le croire. Heurçusement pour nous, nos navires
avaient été solidement construits. Je ne doute nullement que tout
autre bâtiment de plus faible structure n’aurait pas pu résister
aux secousses violentes que nous avons éprouvées. Sans la force
de notre mâture , nous ne sortions pas de la banquise, où le froid
et la gelée régnent maintenant. Le thermomètre baisse toujours ,
et descend jusqu’à 5 degrés au-dessous de zéro ; il fait un froid
très-vif. Les îles de glace sont très-nombreuses; mais le danger
de leur voisinage ne nous paraît plus rien à côté de notre emprisonnement
passé. Nous nous félicitons d’en êti’e dégagés.
(Af. Desgraz. )
Note 92, page 1 18.
Le 4 février, la banquise se présenta à nous toujours comme
une infranchissable enceinte , toujours aussi immense , toujours
aussi ti’iste, aussi immuablement fixe. Notre impatience nous fit
croire , trop facilement peut-être , aux apparences de la disjonction
dans un point de son étendue qui correspond à peu près au
Ga” 30' de latitude sud et le 39° 18’ de longitude ouest; celte
trompeuse vraisemblance que là nous pourrions refouler celte
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