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1838.
Janvier.
20.
44 VOYAGE
glace se multiplient et nous sommes obligés de laisser
porter pour quelques-unes d’entre elles*. Plusieurs
baleines sont en vue.
En quittant le quart à minuit, M. Demas m’avait
averti qu’on ne voyait plus de glaces ; mais une demi
heure après, M. Duroch me fit dire qu’il s’en présentait
devant nous une chaîne qui semblait nous
barrer le passage. Je fis gouverner quelques temps à
l’E. N. E. pour contourner cette chaîne, puis je revins
au S. E. 4 E. donnant dans un passage assez dégagé.
C’est le seul moyen de faire des progrès, mais je
ne puis pas me dissimuler qu’une pareille navigation
est fort aventureuse, surtout quand on court vent
largue ou arrière, car il serait alors difficile de se relever
si l’on tombait sur une impasse et si le vent venait
à forcer.
A midi, les observations nous plaçaient par 62° 3'
lat. S. et 49° 56' long. 0 . Là je me trouvais près du
parallèle où Powell, à peu de distance dans l’est,
avait rencontré les champs de glaces compactes, et
j’avançais à grands pas vers la route de Weddell en
mars 1823.
Vers une heure nous passâmes à cinq milles d’une
île de glace, dont les vastes dimensions avaient excité
ma curiosité. D’après une foule de mesures angulaires,
je trouvai qu’elle n’avait par moins de 2000 mètres
d’étendue sur 66 mètres de hauteur. C’est une des
plus hautes que nous ayons mesurées dans cette
INotes i6 el 17.
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AU POLE SUD.
campagne. Vue à cette distance, c’était une longue
table très-uniforme, à pans verticaux, sillonnés du
haut en bas et imitant, à s’y méprendre, la terre ,
sous certains reflets de lumière. 11 nous a été facde de
concevoir comment divers navigateurs ont pu y être
trompés, au point d’annoncer des îles de glace pour
de véritables terres. Un bon nombre de fragments
disséminés dans la direction du nord au sud proviennent
évidemment de sa dégradation par le frottement
des flots *.
En outre, diverses îles hantes, mais d’un moindre
volume, passent à bâbord et à trib o rd , mais nous ne
nous dérangeons plus que pour celles qui se trouvent
sur notre route.
Les pétrels blancs sont plus fréquents, et l’on voit
bon nombre de baleines, mais appartenant toutes a
l’espèce dite Fin-Back par les pêcheurs, ou baleine a
nageoire dorsale. Les pingouins nagent autour du navire
comme de vraies bonites.
Il n’y a plus de nuit véritable, mais seulement un
crépuscule de onze à une heure du matin. Cela nous
dédommage un peu des tribulations que les brumes
nous ont trop souvent causées. Quand l’horizon est
clair on pourrait aperçevoir les hautes glaces a 12 et
15 milles de distance, mais cela est très-rare.
Quoique le temps soit couvert, la mer est belle , et
nous filons quatre noeuds sous les huniers, au S. E. - E.
et même au S. E. i S. de sorte que nous gagnons
21.