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« c’ëlait mon opinion ainsi que celle de la plupart des
« officiers, que cette glace s’étendait jusqu’au pôle ou
« que peut-être elle touchait à quelque terre à la-
« quelle elle est fixée dès les temps les plus anciens,
« qu’au sud de ce parallèle se forment d’abord toutes
« les glaces que nous trouvions çà et là au nord;
« qu’elles en sont ensuite détachées par des coups de
« vent ou par d’autres causes, et jetées au nord par les
« courants que, dans ces latitudes élevées, nous avons
« toujours reconnus porter vers cette direction. »
Jamais les vraies montagnes de glace n ’atteignent de
pareilles dimensions à moins qu’un noyau solide ne
les supporte, et je n’hésite pas à penser que Cook en
ce moment se trouvait devant la terre antarctique. Là,
sa direction creuse plus avant vers le pôle que sur la
plupart des antres points, ainsi que nous le prouverons
plus tard, et c’est ce qui fit que Cook put s’avancer
d’abord à une latitude aussi élevée.
Quoiqu’il en soit, l’exemple de Cook ne trouva
point d’imitateur, et nul navigateur ne se présenta
pour reculer les limites qu’il n’avait pu franchir et
donner des notions plus précises sur l’existence des
terres antarctiques. La France et l’Angleterre firent
exécuter plusieurs expéditions de découvertes dans
l’Océan Pacifique, et l’on vit successivement Lapé-
pérouse. Vancouver, d’Entrecasteaux, Baudin, Flinders,
Freycinet et Diiperrey se lancer dans cette carrière;
mais aucun d’eux n ’eut mission d’explorer les
régions polaires du sud.
Ce fut la Russie qui eut la première cette idée.
Stimulée sans doute par la découverte récente des
îles New-Soutb-Shetland. Le capitaine Bellinghausen
fut expédié en 1819, pour exécuter une campagne
de découvertes dans l’Océan Pacifique et aux mers
australes. Aucun récit officiel des faits de ce voyage
n’est venu à notre connaissance, et cette négligence
de la part du gouvernement russe est regrettable ;
car il paraît que le capitaine Bellinghausen apporta
du zèle et de la persévérance dans l’accomplissement
de ses instructions. C’est l’opinion que nous devons
nous en former d’après les lettres du professeur Si-
monotr, unique document que nous possédions sur
cette matière , et dont nous allons rapporter un
simple aperçu.
Les deux vaisseaux russes le Vostok et le Mirni,
sous les ordres des capitaines Bellinghausen et Laza-
reif, mirent à la voile le 3 juillet 1819 pour les mers
polaires. Le 22 décembre, au sud de la Nouvelle-
Géorgie , ils découvrirent une petite île volcanique
qu’ils nommèrent Traverseij, par 52” 15' latitude S.;
ils cinglèrent ensuite l’espace de quatre cents milles
sur le parallèle de 60”. Passant sous le méridien de
Greenwich, ils piquèrent droit au sud 1 espace de six
cents milles, et atteignirent le parallèle de 69” 30', où
les glaces compactes les firent peu à peu rebrousser
chemin vers le nord jusqu’au 60” ; ils arrivèrent ainsi
le 24 mars devant la terre de Van-Diemen et mouillèrent
le 30 sur la rade de Sidney, après une navigation
pleine de dangers et de fatigues, sans avoir eu
eonnaissanee d’aucune antre terre.
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