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2 GO NOTES.
plus de pet'Us glaçons ñiciles à démolir, que nous rencontrons
mais de vastes plateaux larges de 8 à j 2 mètres ; aussi les secousses
sont-elles effrayantes. C’est à peine si nous pouvons nous tenir
sur la dunette du gaillard d’avant. On crie : <c loffe, arrive ; »
mais à peine le navire a-t-il commencé à abattre qu’une autre
glace vient le refouler de quatre ou cinq quarts sur l’autre bord;
la mâture fouette comme un roseau, mais tout tient bon D’en
haut, on signale constamment des passes pi’aticables, des flaques
d’eau dégagées ; mais plus nous en approchons , plus elles semblent
s’éloigner devant nous. Nous ne ressemblons pas mal à des
prisonniers qui, dans leur rage impuissante, secouent avec frénésie
les barreaux de la geôle. La neige ne cesse pas un instant,
elle tombe à gros flocons, tout en est couvert ; nos longues barbes
sont remplies de petits flocons gelés. Le doublage de l’avant est
ou arraché ou roulé ; les glaces qui raguent la carène portent
l’empreinte du cuivre. Jamais frégate modèle n’a eu ses virurcs
de flottaison aussi bien fourbies. A sept heures et demie, voyant
que partout la glace était fermée devant nous, que nous ne faisions
que nous empêtrer davantage, nous serrons partout et nous nous
amarrons sur une grosse glace. Des espars sout coulés le long
du gouvernail, tout ce que nous avons de grosses pièces de bois
sont amarrées le long du navire, et surtout derrière, pour préserver
cette partie du navire du choc des glaces. La Zé lé e , qui est
derrière nous à cinq encâblures, imite notre manoeuvre.
(Af. Demas.)
i.Tiïw
Note 66, page 97.
Pendant le temps qui s’écoula entre notre appareillage et celui
où nous fûmes arrêtés ; notre petit canot, dans lequel plusieurs
maîtres du bord étaient allés pour tirer des phoques sur les glaces,
dans un moment où la mer était assez dégagée pour lui permettre
de circuler, n’ayant pu rallier le bord aussitôt que le signal
lui en fut donné , fut séparé de nous par les glaces, dans
lesquelles un mouvement s’opéra, et ne put nous rejoindre qu’avec
deâ peines infinies à neuf heures. Pendant ce temps , nous
éprouvions la plus vive inquiétude sur son compte ; car si le vent
nout eût forcés de sortir même malgré nous , nous en aurions
peut-être été séparés à tout jamais , et ces hommes imprudents
qui, dans l’ardeur de la chasse, n’avaient pas tenu compte du signal
du rappel qui leur fut fait, en eussent été victimes. L’inquiétude
qu’ils me donnèrent me fit regretter vivement d’avoir accédé
à leur demande, d’aller tuer un de ces animaux que nous
désirions avoir pour fhistoire naturelle, et je jurai bien de ne plus
me fier à eux. Après la première journée passée dans cette prison,
quoique nous ne fussions qu’à quelques pas de la mer libre, dans
le mois de janvier, et à peine on dehors du 62^, degré de latitude,
il fut impossible de se voir arrêté ainsi sans éprouver une espèce
d’émotion. Nous avions perdu tout espoir, après une pareille rencontre
, d’avancer davantage sous le pôle ; et sur cet élément tout
nouveau, nous n'avions plus qu’a nous armer de la résignation,
cette espèce de grâce d’état dont est, en général , abondamment
pourvu le marin, et qui est surtout utile à celui qui navigue dans
ces parages.
(A/. Dubouzet.)
Note 67, page 97.
A huit heures nous donnions à pleines voiles dans cette barrière
compacte, refoulant ou broyant les glaçons qui s opposaient
à notre, marche. Une légère brise d’O. variable a 1 0. N. 0. nous
imprima d’abord assez de vitesse pour labourer cette mer solide.
Mais bientôt la brise venant à nous manquer, ce n’est qu’en
nous traînant péniblement à l’aide des gaffes et des espars que
nous pûmes gagner quelques mètres de terrain. La marche de la
corvette était devenue si lente que le plus loger obstacle suflisait
pour l’arrêter. Un seul glaçon de 8 à 10 mètres nous üüsait