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214 NOTES.
se formel'? S’il en était ainsi, et j’étais disposé à adopter cette
opinion, la terre existait au-delà de ces glaces qui nous arrêtaient ;
cette terre était donc dérobée à nos regards, et peut-être quelque
navigateur plus heureux qui se présenterait dans une année
plus favorable, la verrait un jour, et la signalerait au monde;
et nous qui étions venus avant lu i, nous n’avions vu là que des
champs de glace qui nous mettaient dans l’impuissance d’avancer!
Je coupai court enfin à toutes ces réflexions qui ne convenaient
pas à la circonstance; car il ne fallait pas ajouter cette contrariété
en perspective à celle que nous éprouvions déjà, et mon espoir
d’avancer davantage au sud, ou de trouver quelques terres nouvelles
se ranima.
(M. Dubouzet.)
Note 26, page 5o.
A deux heures et demie du matin nous faisions route au
S. E. \ S. lorsque à la faveur du crépuscule la vigie aperçut un
grand banc de glace qui nous barrait le passage. La lueur de cette
plaine glacée embrassait près de la moitié de l’horizon. Nous con-
■tinuâmes notre l oute dans l’espoir de trouver une issue dans cette
barrière. Mais à quatre heures du matin, le soleil déjà sur l’horizon
nous donna la triste conviction que cette ligne était infranchissable.
Les glaces amoncelées formaient une plaine continue
dont l’oeil ne pouvait distinguer les limites. On ne voyait du haut
des mâts aucun passage navigable, au travers de cette banquise qui
s’étendait devant nous aussi loin que la vue pouvait atteindre : on
reconnut seulement qu’elle était sillonnée par des canaux tortueux
si étroits qu’une embarcation aurait eu de la peine à les parcourir.
L’épaisseur de la croûte de glace qui forme cette plaine m’a
paru être de 2 ou 3 mètres au-dessus des eaux. Elle est hérissée
d’une multitude de blocs affectant les formes les plus variées
dont la hauteur n’excède pas 65 mètres , et plusieurs de ces
blocs sont taillés en aiguilles élancées ; d’autres présentent de
grandes surfaces planes et inclinées en forme de toit. Cette longue
bande de glace éclairée par le soleil resplendit d’un éclat qui
blesse la vue. On ne distingue alors qu’un vaste champ de neige
bouleversé où sont implantés quelques cristaux d’azur ; mais
lorsque les rayons du soleil interceptés par les nuages n’éclai-
rent que par intervalles quelques parties de la plaine , tout le
reste étant couvert d’un léger voile bleuâtre, alors on a devant les
yeux un magnifique paysage par une belle matinée d’hiver. On
croit distinguer dans le vague d’un lointain brumeux des villages
et leurs clochers, des fermes entourées d’arbres,des châteaux et
leurs tourelles , des villes avec leurs tours, leurs dômes et leurs
palais. Chacun donnant un libre essor à son imagination , peut
retrouver à cette extrémité du monde le clocher de son village ou
le manoir de ses aïeux. La côte est flanquée d’énormes quartiers
de glace qu’on croirait volontiers des tours élevées pour la défense
du pays. Les nuages de brume et de neige flottent au-dessus
de ce panorama et en font à chaque instant varier 1 aspect.
Tout porte à croire que la banquise que nous avons rencontrée
appartient à une vaste ceinture de glaces qui entoure les terres
de Grabam, de la Trinité et du Nouveau Groenland, si tant
est que cette dernière vue par l’Américain Morrell soit plus réelle
que ses autres découvertes. Peut-être même ces terres doivent-
elles être regardées comme des lambeaux d’une même terre située
entre les 5 o= et 70° méridiens; quoi qu’il en soit, ne pouvant
prétendre à pénétrer dans le sud , en cotoyant cette
banquise dans cette direction qui nous rapprochei’ait des teri-es
où les glaces s’amoncèlent de préférence, nous remontons
vers le nord pour chercher un passage dans cette barrière, ou
pour la doubler sous un méridien plus oriental. Cette route nous
rapprochant de la ligne suivie par le capitaine Weddell, nous
donnera le plus de chances fiivorables.
(A/. Roquemaurel.)
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