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Note 107, page i3 i.
A dix heures, le canot revient à bord avec nn cbargeinciit de
pingouins morts et vivants. Ces messieurs nous disent que l’île
en est couverte , et que , même sur les aspérités les plus élevées ,
on en voyait des compagnies rangées en cercle comme une assemblée
de savants personnages discutant de graves questions. Heureusement,
ces assemblées étaient plus silencieuses et moins agitées
que notre chambre des députés ou toute autre réunion
savante ou politique , sans quoi, il aurait été impossible de demeurer
dans leur voisinage. Au contraire, les taciturnes amphibies
recevaient la mort de la main des canotiers sans se plaindi-e ;
nos hommes en assommaient des dixaines cà la fois d’un seul coup
degaiïé, sans que les autres songeassent à prendre la fuite. De
grands albatros fuligineux, des cormorans et des pétrels géants
gris et blancs se trouvaient aussi auprès du beu de débarquement.
Ces derniers poussaient la voriicité jusqu’cà s’abattre sur les corps
des pingouins que nos matelots pi’écipitaient de rocher en rocher,
et les dévorer presque vivants. Ces messieurs y ont aussi remarqué
des chionis. Ils n’ont pu en rapporter qu’un seul fort
maltraité et souillé par la fiente des pingouins , dont le rivage est
recouvert de toutes parts en grande abondance. Ces oiseaux n’appartiennent
pas à la famille des palmipèdes : ce sont des échassiers.
Ils ressemblent aux pigeons pour la taille et la couleur
blanche de leurs plumes ; leur paupière entoure l’oeil d’un cercle
rouge, et leur bec court et conique semble être plutôt fait pour
broyer des graines que pour déchirer les mollusques dont ils
doivent faire leur principale nourriture sur cette terre, où la végétation
est nulle. Des moules et des patelles garnissaient les rochers;
malheureusement, le peu de temps de séjour accordé à
fembarcation n’a pas permis à ces messieurs d’en recueillir beaucoup.
Aussitôt leur retour tà bord on fait servir, et nous conti-
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nuons à cotoyer le contour des îles. Une quarantaine d’îles de
glace garnissent notre horizon; leurs formes carrées à coins droits
leur donnent une physionomie particulière. Pour ceux qui ont
vu les glaces voisines de la banquise, celles-ci présentent un type
différent et parfaitement reconnaissable. Elles sont plus comparables
à des blocs taillés, sont moins divisées en arêtes aiguës , et
ne présentent pas des courbes aussi douces. Sur presque toutes ,
des arcades creusées profondément et presque régulières leur
donnent faspect de fortifications sur lesquelles des troupes de
pingouins ont fair de blancs soldats montant la garde. Une d’elles
élève une grande tour carrée sur un immense piédestal, tandis
que, près du rivage, d’autres, échouées et rongées par faction de
la mer et du dégel, laissent dans deux ou trois endroits le jour
passer à travers une mince paroi. Quelquefois , lorsque le jour
s’anime d’un rayon de soleil, faspect change, les glaces brillent
d’un éclat inaccoutumé, leurs ombres projetées ajoutent à fillu-
sion; mais ces éclaircies sont bien rares et bien courtes : bientôt
la scène retombe dans sa tristesse primitive ; f immobilité de fair
et des eaux, dans les temps calmes, n’est plus troublée que par le
cri des pingouins, le voisinage des troupeaux de baleines ou le
brisement de la mer. Le sort des naufragés auprès d’une pareille
terre serait bien affreux. Condamnés à une mort certaine, ils subiraient
une longue agonie sans pouvoir même concevoir une
espérance.
(M. Desgraz.)
Note 108 , page i36.
A cinq heures du matin, nous fîmes route de manière à rallier
la pointe ouest de file Coronation , au large de laquelle les îles de
glace étaient très-rapprochées. A midi, cette pointe nous 1 estait
au S. 2“E., à six milles environ, et nous relevions en même
temps les îles Inaccessibles au S. 47“ 0 . Les relèvements portés
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