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Note io 3 , page 127 .
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pense que nous possédions tous le ferme désir de réussir;
les navires avaient été parfaitement installés et solidifiés : la suite
nous l’a prouvé. Eh bien ! non-seulement nous n’avons pas
réussi, mais nous n’avons pas même atteint une latitude approchant
de celle que Weddell avait atteint; et cependant nous
avons parcouru les mêmes lieux que lui, nous avons coupé les
méi’idiens par lesquels il est entré et sorti des glaces, parcouru
fespace compris entre ces méridiens, et la mer nous a été fermée
partout. Peut-être, à cent ou deux cents lieues du point où nous
nous sommes arrêtés, était-elle libre ; mais avions-nous le temps
de nous y rendre? Nous dûmes donc nous en retourner, regrettant
de n’avoir pas réussi, mais persuadés que nous avions fait
tout ce qu’il fallait pour réussir. Partis du déti’oit de Magellan
dans les premiers jours de janvier , après avoir doublé l’île des
Etats , nous ne voulûmes pas perdre de temps et poussâmes immédiatement
dans le sud. Après quelques mauvais temps passés
scus le 60” parallèle, nous fîmes route de nouveau et parvînmes
presqu’aux 64°. Mais alors nous fûmes ai’rêtés, nous rencon-
trâmes la banquise. Voulant nous rapprocher de la route de
Weddell, nous côtoyâmes cette banquise, faisant route à fest.
Comme elle ne courait point est et ouest, et retournait dans le
nord sans oifrir un passage, nous perdîmes , en la prolongeant ?
tout le chemin que nous avions fait, et arrivâmes ainsi aux îles
Powell, où elle nous conduisit directement. Nous voulûmes alors
aller reconnaître ces îles et y mouiller ; mais le mauvais temps
nous en empêcha. Après quelques jours passés à la cape, nous
piquâmes de nouveau au sud , faisant cependant un peu de route
à l’est. Nous pensions que la banquise que nous venions de quitter
joignait les terres de Palmer aux îles Powell; sa direction nous
avait paru l’annoncer. Nous supposâmes alors qu’elle devait s’ar.
rêter à la hauteur de ces terres , et qu’elle nous permettrait de
pousser plus loin que nous n’avions fait. Pas du tout, sur le
nouveau méridien que nous parcourions, nous fûmes encore plus
malheureux. Nous ne pûmes parvenir qu’au païallèle de 62°,
e t, de plus , nous fûmes pris dans les glaces, en tâchant de nous
frayer un passage. Là , nous perdîmes beaucoup de temps. Nous
étions presque arrivés à lami-févi’ier quand nous en sortîmes. Cependant,
à peine délivrés, loin d’ètre découragés, nous courûmes
encore à l’est, et nous aiTÎvâmes enfin par 33° long. 0 . et 62°
lat. S., où nous rencontrâmes de nouveau la banquise q u i, non
contente de courir à l’est, remontait vers le nord , et enfin vers
l’ouest formait un golfe assez profond dont nous dûmes sortir eu
louvoyant. La fin de février approchait; alors, les nuits devenaient
plus longues ; nous ne savions pas combien de temps encore
cette banquise nous forcerait à la suivre. De plus , après l’avoir
laissée, même pour aller dans le sud , comme nous devions
être hors des glaces dans les premiers jours de mars, il fallait
couper en deux le temps qui nous séparait de cette époque : cela
réduisait à rien les jours qui nous restaient à faire bonne route.
Notre expédition était donc finie, et il fallait s’en retourner ; nous
avons donc été malheureux de toutes les manières. Le lieu même
où nous avons été pris dans les glaces , et dont nous étions sortis
avec tant de peine, avait été traversé par Weddell et trouvé entièrement
libre. Une expédition américaine avait dû faire la même
exploration en même temps que nous ; peut-être qu’attaquant
d’autres pai’ages , elle aura réussi ; mais je pense fermement
qu’elle n’aura pu se trouver dans des circonstances plus fâcheuses
, et que les efforts qu’elle aura fiüts pour réussir n’auront pu
être plus grands que les nôtres.
(Af , Duroch.)
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