pris entre les îles New-South-Orkney et Sandwich,
dans l’espoir d’y rencontrer quelques terres. Mais
n ’ayant rien trouvé, le 1”” février il remit le cap au
S. E. et à partir du 5 il fit route au sud aussi directement
que les vents le lui permirent. Ses progrès
furent rapides et il éprouva peu d’obstacles, si bien
que le 18 il se trouvait déjà par 72” 14/ lat. sud et 35”
environ long. 0. dans une mer couverte d’oiseaux
du genre pétrel. « Pas une patxelle de glace n’élait
visible. » Enfin le 20 février, Weddell se trouva, dit-
il, par 74” 15' lat. S. et 36” 40' long. 0 . Quatre glaces
seulement se trouvaient en vue du haut des mâts, le
temps était agréable et le climat assez doux. Weddeîl
ne paraît pas mettre en doute qu’il ne lui eût été facile
de pousser bien plus loin vers le sud, et de se
rapprocher beaucoup du pôle, mais prenant en considération
la saison fort avancée et les difficultés du
retour, il crut devoir profiter des vents favorables du
sud pour l’opérer immédiatement. Il visita ensuite
les îles New-Soiith-Shetland, les îles Falkland et plusieurs
points de la Patagonie, où il recueillit un bon
nombre d’observations et des notes d’un véritable in -
tei;êt. Enfin il opéra son retour en Angleterre le
3 juillet 1824. Sur-le-champ, Weddell publia le résultat
de ses découvertes, et son ouvrage attira sur ce fait
raltention des savants, étonnés de voir qii’iin simple
pêcheur de phoques avait pu atteindre, presque sans
difficulté, une latitude antarctique de 3” supérieure à
celle qui fut la limite des eiToris de Cook. Weddell
avait fait suivre son récil de réflexions assaisonnées
d’arguments par lesquels il prétendait établir la possibilité
d’atteindre le pôle austral, attendu qu’au-delà
d’une certaine limite en latitude, les navigateurs pouvaient
compter sur une température bien plus douce
et sur des mers presque dégagées de glaces.
Son récit ne trouva point de contradicteurs, et ses
conjectures parurent même obtenir quelque crédit.
Son livre fut connu en France en 1825 et y produisit un
certain effet. Le gouvernement venait d’arrêter le premier
voyage de Y Astrolabe et je me préparais à son
exécution. Je comptais alors au nombre de mes soutiens
MM. de Humboldt et Arago, qui applaudirent à
mes efforts; cependant ils ne purent s’empêcher de
témoigner le regret qu’on ne m’eût pas envoyé vers
les régions antarctiques sur les traces de Weddell.
Ainsi que je l’ai déjà dit dans mon introduction, les
navigations dans les glaces avaient peu d’attrait pour
moi; d’ailleurs le projet de campagne était arrêté par
le ministère, et je ne fis pas d’autre attention aux observations
de ces deux savants.
Les baleiniers américains et anglais s’étaient rués
avec tant d’âpreté sur la pêche des phoques aux îles
New-South-Shetland, ils l’avaient faite avec tant
d’acharnement et si peu de discernement, qu’en
moins de quatre années la race entière de ces malheureux
amphibies s’y trouva anéantie. Non content de
massacrer les animaux adultes, ils égorgeaient les femelles
pleines et jusqu’aux jeunes animaux à peine
échappés du ventre de la mère. Aussi les plages que les
premiers arrivés avaient trouvées littéralement cou