la grosseur el de la tonne de nos crevettes ; ils forment une espèce
nouvelle du genre des thysanopodes. Ils sont, comme nous l'avons
dit, e.xtrêmement abondants dans les parages du sud, où ils forment
presque exclusivement la nourriture des phoques el des
manchots. J ’ai eu l’occasion d’ouvrir souvent l’estomac de ces
derniers animaux : ils étaient constamment remplis de Tiiasses
de ces crustacés.
L’opinion généralement répandue que les baleines qu’on
chasse ordinairement dans des latitudes tempérées , finissent par
se réfugier dans les glaces des pôles, me paraît erronée. Leur diminution
doit être attribuée, ce me semble, à une seule cause :
la destruction qu’en font les navires baleiniers. Ainsi dans le
nord, la pêche de la baleine, florissante pendant plusieurs années,
a totalement cessé faute de baleines. Et lorsqu’on s’avance dans
les glaces du nord , on n’en rencontre plus , si ce n’est quelques
baleinoptères, créés pour vivre dans ces parages comme les fin-
back dans' les glaces du sud '.
En effet, comme pour tous les autres animaux, la nature a
posé aux baleines des limites de climat et d’habitation. C’est entre
les tropiques et près de l’équateur que les baleiniers américains
vont chasser avec succès les caehalots. Nos baleiniers trouvent
surtout les baleines franches sous les latitudes tempérées de l’extrémité
sud de l’Amérique , des côtes de la Nouvelle-Zélande, de
la Nouvelle-Hollande, etc. Tandis que plusieurs espèces de ba-
ieinoptères, tels que les fin-back, habitent les régions glacées
des pôles.
On rencontre rarement les baleines en haute mer ; c’est ordinairement
à quelque distance des côtes qu’elles se trouvent plus
abondamment, et cela s’explique facilement. Ce n’est que là d’a-
' T o il mû fait p r é s ume r que la [ i lupa rt îles ba l e i n e s i lu s u d s o n t des e s p è c e s
diiTc' renles de cel les d u n o r d . Le b a l o imp l c r e hnmp-hach, ci té p l u s h a u t , e n
est u n e p r e u v e .
bord que se trouvent ces masses de petits crustacés et poissons ,
base de leur nourriture. En second lieu , chacun sait qu’elles recherchent
les baies pour y déposer leur petit, qui y trouve une
nourriture assurée et une mer plus calme.
On concevrait la fuite des baleines vers d’autres régions, si, se
réunissant ordinairement en gi’andes troupes , elles étaient constamment
pourchassées et blessées par les baleiniers acharnés à
leur poursuite. Mais il n’en est point ainsi; elles sont ordinairement
isolées, et il est bien rare qu’un navire baleinier laisse échapper
une baleine lorsqu’il est parvenu à la harponner , et encore,
ilans ce dernier cas , il est peu probable qu’une baleine survive à
nn coup de harpon, vu l’extrême vascularité de ces animaux, qui
perdent une quantité énorme de sang à la moindre blessure.
La pêche des baleines dans le nord a cessé ; c’est maintenant
vers le sud que se portent les efforts des baleiniers français, anglais
et américains. Le développement qu’a pris depuis quelques
années cette pêche, le perfectionnement apporté dans l’armement,
dans les instruments , etc., tout peut faire raisonnablement supposer
que, d’ici à quelques années, cette branche d’industrie s’é-
teindra d’elle-même dans le sud comme elle s’est éteinte dans le
nord : à moins que le génie inventif des hommes ne trouve quel-
(|ue puissant moyen pour s’emparer sans danger des formidables
baleinoptères des pôles.
( M. H. Jacquinot. )
Note 187, page 178.
La nuit, qui s’était si mal annoncée, resta sombre et menaçante.
La pluie, la neige et lèvent se réunirent pour en rendre les heures
longues et pénibles. La brise souffla par violentes rafales , et l’on
fut obligé de diminuer de voiles et de brûler de fréquentes amorces
pour conserver la Zélée. La mer s’était soulevée et était devenue
grosse et dure. A quatre heures, les rafales n’étant plus aussi for-
Jfi