V'
De nombreuses explorations confirmeront seules nos observations
et les assertions qui en sont la conséquence. En attendant
la sanction du temps , on doit s’abstenir de porter un jugement
critique sur l’heurettx voyage du capitaine Weddell, ou de s’empresser
d’admettre sa relation comme fait incontestable.
Mais si le voisinage de la terre oppose de si grandes difficultés
aux navigateurs , à cause des glaces dont elles sont constamment
entourées, comment se fait-il que l’on soit parvenu au nord à de
très-hautes latitudes ? Certes, les terres s’y développent sur une
immense étendue. Pour répondre à cette objection , il suffit de
se représenter la topographie des deux pôles et d’en fabe le parallèle.
L’Amérique, l’Europe et l’Asie encadrent le bassin de la mer
polaire du Nord : la mer du Nord en est le principal débouquement
limité par l’Europe et l’Amérique ; elle n’est relativement à
la mer Glaciale, qu’un grand détroit qui donne passage aux énoi-
mes accumulations d’eau d’une mer infiniment plus étendue el
qui reçoit un nombre prodigieux de grands fleuves. Il résulte des
courants de cette disposition hydrographique, et leur force est en
raison directe du resserrement qu’ils subissent : si leur existence
pouvait être mise en doute , bien que la simple inspection de la
carte suffise pour y faire croire sans le secours de l’observation,
les bois qui couvrent la mer dans ces régions nous fourniraient
une preuve complète de leur présence ; car la nature des débris
végétaux a permis de remonter à leur origine ; ils proviennent
des côtes de la Sibérie où aboutissent les grands cours d’eau des
monts Oural, Altai, Stanovoy, du fleuve Makensie, principal
affluent des rivières de l’Amérique septentrionale, trop plein
d’une foule de lacs du même continent, et principal déversoir des
montagnes Rocheuses.
Ces courants sont une cause incessante du déplacement des
glaces du nord : ils permettent de compter sur des débâcles jusqu’cà
un certain point périodiques ; car toutes les fois que le froid
■xgl
rigoureux de l’hiver fera place à une plus douce température, les
glaces se disjoindront et seront entraînées dans l’ouest d’abord ,
dans le sud ensuite.
Le voyage de Brogg fait foi de l’existence de ces courants : sans
leur secours il serait impossible de pénétrer dans les hautes latitudes
du nord ; les glaces s’y amoncelleraient tellement, que la
terre et la mer finiraient par être de niveau. Mais cette supposition
serait absurde, car il faut bien que les eaux des fleuves trouvent
un écoulement, et il ne peut avoir lieu que par les détroits
de Behring et de Lancaster, et surtout à travers cette partie de
r Atlantique que l’on nomme mer du Nord.
Au pôle arctique, il est une autre circonstance digne de remarque
, c’est f influence des vents du sud : plusieurs d’entre eux
conservent en élé leur température élevée jusqu à de très-hautes
latitudes : c’est surtout à ceux qui passent sur l’Asie et l’Europe
d’une part, l’Amérique de Fauti’e , que cette observation s applique.
Ils apportent nécessairement de grandes modifications à
l’état thermométrique de l’atmosphère polaire, et produisent p armi
les glaces des désagrégations favorables a l’action dispersive
des courants , et par conséquent à la navigation. Tout le monde
a entendu parler des fortes chaleurs que l’on éprouve à Saint-
Pétersboui’g ; or, comme cette ville est située par les 60° de latitude
nord, il est très-probable que la température de ses étés se
propage vers le nord bien au-delà du parallèle de cette capitale.
De plus, à l’action dissolvante de la chaleur atmosphérique,
il faut joindre celle des eaux fluviales : elles proviennent de latitudes
infiniment moins rigoureuses que celles où se terminent
leurs cours , aussi sont-elles douées d’une température qui contribue
beaucoup à la dispersion des glaces.
Dans le sud, rien de tout cela n’existe : les terres polaires australes
sont isolées ; elles ne peuvent recevoir d’influence atmosphérique
étrangère qu’à travers des mers immenses ; 1 Afrique se
rétrécit en s’avançant vers le sud et s’arrête au 34 degre 3o mir
- T M
ï.-: :
I r".f