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31.
nous nous éloignons de terre, et la roule s’aplanit devant
nous. C’est fort ra ssu ran t, car le plus souvent
notre horizon ne s’étend pas à 200 mètres de
rayon.
Le coup de vent souffle toute l’après-midi avec une
violence sans égale , et la mer devient très-dure. Ce
mauvais temps ranime mes souffrances un peu calmées
par un court intervalle de repos. Un mal de
tête affreux , accompagné de nausées et de frissons,
ne m’abandonne plus. Quelques personnes de l’équipage
ressentent aussi l’influence de celte pénible
navigation. M. Dumoulin se plaint d’un refroidissement
et je l’engage vivement au repos, car je n ’ai
pas tardé à découvrir que c’est un des sujets dont
le concours me sera le plus intéressant dans toute la
campagne.
Le coup de vent a continué tonte la n u it, et le
matin je poursuis la bordée tribord sous les deux
huniers aux bas ris. La Zélée nous suit fidèlement a
peu de distance, et je m’applaudis vivement qu’elle
ait pu nous conserver aussi bien malgré le mauvais
temps, surtout au travers de quelques rafales chargées
de neige, et si épaisses qu’il était souvent impossible
de rien distinguer à 50 mètres autour de nous.
En de pareils moments, la ressource du canon deviendrait
elle-même inutile, attendu que le bruit du
vent et des vagues couvre entièrement la voix du
canon, même à une faible distance.
Enfin, sur les huit heures du matin, la fureur du
vent s’apaise, l’horizon s’étend, les grains dcvicn-
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nent plus ra re s , et le soleil lui-même nous montre Janvier.
parfois son disque entre les nuages. Chacun respire
et peut enfin allonger ses membres brisés par la fatigue.
Toutefois , je suis obligé de poursuivre la bordée
du nord pour me mettre en position de pouvoir
doubler l’archipel des Orkney par 1 e s t, dans le
cas où le vent viendrait à passer dans la partie du
nord.
Les résultats des observations nous annoncent a
midi que nous avons été emportés de trente milles
environ vers l’est, par l’effet du courant dans les quarante
huit heures passées. Cela m’arrange assez bien.
Dans la soirée, la houle s’apaise et nous sommes
moins secoués. Cependant, en voulant s approcher
de nous, vers sept heures du soir, il s en faut de
peu que la Zélée ne nous aborde ; pour l éviter, je
suis obligé de border la misaine. J’ai supposé que le
capitaine Jacquinot avait envie de me parler *.
J’ai moins souffert qu’hier, quoique toujours atteint
de maux de tête, de nausées et d’un grand accablement
, ce qui me force à passer la plus grande partie
du temps étendu sur le canapé de ma chambre. Le
médecin m’annonce qu’il y a aussi trois hommes de
l’équipage sur les cadres. Je prévois que beaucoup
d’autres seront encore atteints si le mauvais temps
doit se prolonger.
Le vent passe au S. S. E. et môme au sud modéré s« Kvrier.
avec un temps couvert et une mer houleuse. Je poiir-
No le 54.