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llaiiqiiée de quelques grosses glaces qui seiubleul bu
servir de bastions ou de points d’appui. Du reste, au
large le nombre des îles liantes diminue, et à midi
nous n’en comptons plus qu’une vingtaine autour de
nous.
A midi, par 63“ 23' lat. S. et 43“ 17' long. 0. nous
avions déjà dépassé le méridien où VYeddell, en 1823,
avait trouvé la mer libre et croisé sa route. Malgré
moi, les glaces me forçaient à rebrousser chemin vers
le nord et c’était un triste présage pour nos efforts.
Toutefois, je voulus poursuivre ma tâche, afin de
prouver à tous mes compagnons que je ne céderais
que devant un obstacle invincible.
Notre sillage s’élève à trois ou quatre noeuds, et
nous nous maintenons à 2 milles au plus de la banquise,
moyennant une charmante brise d’est qui
nous laisserait entièrement maîtres de notre manoeuvre,
si des causes imprévues nous forçaient subitement
à changer de route.
A une heure et demie, nous traversons un lit de
glaçons flottants qui faisaient suite à une pointe
assez marquée. Au-delà, la muraille des glaces
se dirigeait au N. E. et au N. N. E. Nous ne
la quittâmes pas et arrivâmes ainsi à six heures
du soir près d’un point où les plaines de glaces
semblaient être en dissolution. J’y lançai les corvettes
dans l'espoir de trouver la mer libre de
l’autre côté. Nous laissions aussi sur bâbord une centaine
d'îles de toutes grandeurs et les éperons de nos
navires broyaient une foule de glaçons épars sur notre
passage. Ce pas épineux franchi, nous fîmes environ
six milles sur un espace relativement plus dégagé,
mais vers huit heures, les îles se présentèrent plus
nombreuses et plus rapprochées que jamais. Toutefois,
croyant les voir désunies et encouragé par le
rapport deM. Lafond, qui assurait reconnaître la mer
libre au-delà, je ne voulus pas laisser échapper cette
chance, si douteuse qu’elle fût. Je continuai hardiment
ma route au N. E. au travers des glaces qui se
comptaient désormais, non plus par dix, par cent,
mais bien par milliers , tant elles étaient multipliées.
Rarement il nous était permis de filer plus
de deux cents mètres en droite ligne, et il fallait à
chaque instant manoeuvrer pour éviter quelques-uns
de ces redoutables blocs. C’était là une navigation
bien chanceuse et dans laquelle chacun fut contraint
de développer une vigilance et une activité extraordinaires.
A mesure que nous avancions, les glaces qui
semblaient d’abord isolées aux bornes de l’horizon et
laissaient entre elles de larges passages, se multipliaient,
se rapprochaient et finissaient presque toujours
par se joindre. Après diverses déceptions de ce
genre, et avoir couru près de 6 milles dans ces dangereux
labyrinthes, nous vîmes encore la désolante barrière
se représenter devant nous aussi compacte que
jamais et parfaitement infranchissable. Tout espoir
nous était ravi....
Ainsi, convaincu de l’impossibilité d’aller plus loin,
je virai de bord sur-le-champ, [lonr revenir sur nos
pas. Mais il était alors près de dix heures du soir. Tout