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IRars. et tout semble nous présager une superbe journée..
D’épaisses brumes nous contraignent de remettre une
ou deux fois en panne. Cependant l’horizon s’éclaircit
enfin dans le S. E. et le S. S. E. et nous permet
de reconnaître les mornes et les îlots de la terre
Louis-Philippe. Droit au S. S. E. se trouve la terre
isolée qui nous paraissait avant-hier former la limite
de celles qui étaient vue, et nous pouvons désormais
nous convaincre que c’est bien réellement une île de
8 à 9 milles de circuit qui a reçu le nom de notre corvette.
Dans rO. N. 0. nous eûmes quelques temps en
vue de hantes terres d’un aspect grisâtre et sillonnées
par des ravines profondes : nous pensâmes qu’elles
dex aient appartenir à l’île Middle, mais la brume vint
les cacher avant que nous eussions pu en distinguer
clairement les limites.
J’eus im moment l’envie de doubler Yi\e Astrolabe an
vent, mais celui-ci était bien juste ; en outre je voulais
xoerifier si elle était réellement détachée de la grande
terre, et si elle n ’y était point soudée au moyen des
glaces. En conséquence, à onze heures trente-cinq
minutes je laissai porter sous le vent à elle jusqu’au
S. E ., filant environ trois noeuds.
Un beau temps et une mer calme nous ramenèrent
les baleines en foule et des bandes nombreuses de
pingouins des deux espèces. Nous vîmes en outre un
assez bon nombre de cormorans.
Pour la première fois, depuis longtemps, l’équipage
a pu lavcï“ et sécher son linge. En un mot, on
dirait que nous avons déjà totalement changé de
parages , tant la température est douce. Aussi le
thermomètre à l’omlire a marqué jusqu’à 5° à midi.
D’excellentes observations ont donné 63° 10'lat. S.
et 60° 47' long. 0.
Avec une brise faible du sud à l’O. S. 0 . nous approchons
de notre île et la prolongeons à moins de
deux milles de distance entre deux heures et demie et
trois heures et demie, de sorte que nous pouvons
l’examiner tout à notre aise. Elle est fort haute, dégagée
de neige sur différents points du littoral, et
partout escarpée sur ses bords. Sur sa partie du nord,
se trouve une baie qui semble bien abritée contre tous
les vents, ceux du nord exceptés. On y pourrait trouver
un mouillage, si le fond y est bon. Nous ne voyons
aucun phoque sur ses bords et des oiseaux de mer seuls
sont campés sur les rochers qui font suite à sa pointe.
Au moment où je passais si près de cetle île, j ’eus
l’envie d’y envoyer un canot pour examiner sa constitution
et surtout reconnaître quelle sorte de ressource
pouvait offrir la petite calanque du nord.
Mais j ’étais déjà si près de la grande terre, où je désirais
et espérais trouver un mouillage, que je craignis
de perdre une bonne occasion, si rare en ces climats.
Je continuai donc ma route au S. E. et au S. S. E.
Le plus souvent la brume nous cachait la vue de la
terre Louis-Philippe, mais nous profitâmes de quelques
courtes éclaircies pour redresser notre route et faire
les relèxements nécessaires au travail de M. Dumoulin.
Dans ces moments nous reconnûmes tonte i’élen-
dne de côle comprise depuis le cap LcCoupiî jusqu’au
1838.
Mars..
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