Le 31 octobre 1820, l’expédition remit à la voile
de Port-Jackson, et rallia le parallèle de 60” S. par le
méridien de 163” E. puis elle se maintint entre les
parallèles du 60” au 67” aussi loin que le méridien de
90“0. Enfin, le 9 janvier 1821, on put atteindre la
latitude de 70” S. à 2“ on 3” à l’est du point où Cook
avait lui-même franchi celle de 71”. En poursuivant
Sa route à l’e s t, Bellinghausen découvrit par 69” 30'
deux îles qui furent nommées Alexandre P' et
Pierre Pk Comme la narration dit que les glaces empêchèrent
d’en approcher, il est fort à présumer que
ces îles n ’étaient autre chose que des sommets du
continent qui allaient se rattacher vers l’ouest aux prétendues
montagnes de glace de Cook dont les sommets
se perdaient dans les nues, et dans l’e s t, aux terres de
Graham, découvertes peu après par Biscoe.
Bellinghausen rallia ensuite les îles New-South-
Shetland, dont il paraît avoir prolongé la bande méridionale,
revit la Nouvelle-Géorgie en février et fut
de retour à Cronstadt en juillet 1821.
Ainsi qu’on peut le voir, ce voyage rendit de notables
services aux notions géographiques touchant
les régions polaires du sud, en resserrant encore avec
une nouvelle précision les limites déjà assignées par
Cook aux domaines du continent antarctique, et surtout
en signalant le premier des points de ce continent.
Déjà, comme nous l’avons d it, l’Anglais Smith, du
navire marchand Williams, avait eu connaissance du
groupe des New-Soiith-Sbetland le 19 février 1819.
En doublant le cap Horn, entraîné loin dans le sud par
les vents et les courants, il avait aperçu le sommet de
l’île la plus à l’ouest, et six mois après, le 15 octobre
de la même année, dans un second voyage, il avait
revu une plus grande étendue de ces terres ; à son arrivée
à Valparaiso, il avait rendu compte de sa découverte
au commodore anglais Sherriff. Celui-ci avait
tout de suite expédié M. Edward Bransfield, master de
la frégate Andromache, pour faire la reconnaissance de
ces nouvelles terres. M. Bransfield s’était acquitté de
cette mission avec beaucoup de zèle et de succès dans
l’été de 1819 à 1820. Je n ’ai jamais pu me procurer
le récit de son voyage, mais d’après une partie de sa
route, tracée sur une carte des îles New-Soiith-Shet-
land par Lanrie, il paraît qu’il poussa d’abord jusqu’au
65” degré de latitude australe, où il fut arrêté
par les glaces compactes, et qu’il fit la reconnaissance
des îles New-South-Shetland. D’après cette carte, il
aurait même aperçu , dans le sud de l’île Bridgeman,
une haute montagne couverte de neige, par 63" 20'
latitude S. et 59” 38 'longitude 0. environ.
Si l’on en croit l’Américain Edmond Fanning, sans
avoir aucune connaissance de la découverte anglaise,
et sur la foi seule de Dirik Gheritk, il aurait expédié,
en l’année 1819 , le brick llersilia sous les ordres de
James Sheffield, à la recherche de ces terres australes.
Sheffield, en quittant la terre des Etats et se dirigeant
au sud, aurait rencontré d’abord l’île Sniith, qu’il
aurait nommée île du Mont Pisgah, puis se serait
rendu sur l’île Rugged , où il aurait fait provision de