mars.
en huit jours nous ferions sans peine un beau travail
et nous n ’abandonnerions ces parages qu’après y avoir
inscrit avec honneur les noms des deux navires.
La brume très-épaisse durant la n u it, persiste encore
au jour, et dès cinq heures nous tombons en
calme plat. A sept heures, dans une éclaircie, les
sommets des îles New-Sonlh-Shetland se montrent à
nous , mais la brume continue de nous cacher en entier
les terres Louis-Philippe.
Pour utiliser le calme , je commande de faire une
sonde jusqu’à 1000 brasses de profondeur. Mais cette
fatigue nous est épargnée ; la ligne trouve le fond dès
180 brasses et il est de roches, couvert de gravier.
La température de T,9 à la surface n ’est plus que de
— 0 , 2 au fond de la mer.
Le calme plat persistant encore à dix heures un
quart, j ’expédie M. Dumoulin sur une glace, distante
au plus de deux milles dans le S. S. 0. pour y exécuter
des observations d’intensité magnétique. M. Duroch
commande le canot, et MM. Hombron et Gervaise font
partie de l’expédition.
Vers midi, le canot est revenu sans avoir pu accoster
la glace, attendu l’escarpement de ses bords et leur
extrême dureté qui n’ont pas permis d’y accrocher un
grappin, afin de pouvoir s’y hisser : sur d’autres blocs
on n ’a pas mieux réussi. De loin, souvent leur apparence
semble promettre un facile abordage ; mais
arrivés près d’e u x , l’on trouve que leurs flancs sont
inaccessibles. Du reste, ils ont paru en plein dégel et
de tons côtés des filets d’eau s’échappaient de leurs
.
crêtes vers la mer. En ce moment , nous comptons
autour de nous une vingtaine de ces blocs*.
M. Hombron a du moins tiré parti de sa course pour
enrichir sa collection de deux pingouins d’une espèce
que nous voyons pour la première fois. Ceux-ci ont le
bec rouge et une tache blanche sur la tête ; leur allure
dans l’eau est plus vive et plus pétulante, leur cri
est différent et ils sont un peu plus gros que ceux de
l’espèce ordinaire, qui en ce moment fourmillent
tout autour de nous. Les baleines nous entourent de
toutes parts et nous étourdissent par leurs souffles
continuels. Les eaux sont couvertes de salpas. Enfin
j ’observe deux espèces de méduses assez bizarres et
j ’expédie le bateau à leur recherche, mais il ne peut
plus les retrouver.
Notre position à midi est 62° 55' lat. S. et 60° 22/
long. 0.
L’après-midi de faibles et variables brises du N. E.
à l’E. N .E. nous permettent à peine de cheminer en
route au S. 0 . { S. Les terres nous sont sans cesse
masquées par une brume épaisse qui, dès six heures,
se convertit en une pluie fine et continuelle.
Vers huit heures un q u a rt, nous restons en panne
tribord amures et peu après nous sommes en calme
plat. La pluie tombe jusqu’à une heure après minuit.
Sur les trois heures et demie, je mets le cap au
S.S.O. Un petit vent du nord s’élève, à cinq heurs la
terre se montre par fragments dans la partie du S. E.