de leur ci’is de joie; c’était probablement la première fois que la
voix humaine s’y faisait entendre. Pendant qu’ils s’amusaient
ainsi, nous nous occupâmes à examiner le sol et à ramasser des
roches .Celles-ci, qui étaient couvertes de fientes d’oiseaux sur lesquelles
le pied glissait et qui exalaient une odeur nauséabonde ,
nous offrirent un calcaire siliceux ancien, avec toutes ses variétés,
et quelques schistes dont l’inclinaison des couches était d’environ
80“ du N. N. 0 . au S. S. E., avec tous les éboulements causés
par les fentes de la l’oche et l’effet des grandes gelées. On trouva
dans quelques endroits sur cette roche un peu de terre végétale,
et pour toute végétation plusieurs variétés de ces lichens, que
tout autre qu’un botaniste ne se douterait jamais devoir appartenir
au règne organique. Nous ramassâmes à la hâte autant
que nous pûmes d’échantillons de ces roches; on trouva sur les
rochers du rivage quelques patelles d’un genre nouveau, et
quelques graines de fucus qui flottaient à sa surface. Si on eût
pu y consacrer plus de temps, peut-êü’e eût-on trouvé autre
chose , mais le temps couvert et la crainte de la brume qui nous
avait déjà, avant d arriver , intercepté la vue des corvettes, nous
forçait à nous éloigner le plus vite possible de ces côtes inhospitalières.
Nous emportâmes aussi une vingtaine de pingouins et
ralliâmes à deux heures nos corvettes avec toutes ces richesses
que les géologues nous sauront gré, je l’espère, de leur rapporter.
Mais bien peu comprendront, en les recevant, la peine que cela
donne, de venir chercher des roches si loin et sous un climat si
ingrat.
(M. Dubouzet.)
Note 106 , page i3 i.
Le temps était beau, et, malgré une mer houleuse qui menaçait
de nous interdire toute communication avec la terre, on mit
a la mer le canot-major pour l’envoyer ramasser quelques frag-
NOTES.
„oe„ts de ces rochers couverts de neiges éternelles. Une pareille
réeolte intéressait trop les recherches qu’on fait chaque jour sur
la géologie générale du globe, pour que les naturahstes du bord
laissassen t échapper une semblable occasion.
Après avoir contourné les deux pointes de l'île Saddle s.ins
trouver une crique ob le canot pût accoster avec sûreté, on fimt
par apercevoir sur Me Weddell, voisine de la première , un enfoncement
formé par les arêtes saillantes et à pic de la cote, et
deux glaçons assez considérables dont les ramifications sous-ma-
rincs portaient sur le roc, et q u i, par leur éehouage au mtbcu
du rivage, offraient une petite anse fermée pour y abriter le
canot.
Depuis la base jusqu’aux sommets les plus élevés , ces roches a
pointe aiguë et à pic étaient garnies de pingouins et de diverses
sortes d’oiseaux .marins , parmi lesquels on remarqua le véritable
chioaù. ou pigeon des glaces. Des débris de ..oélres, qui vena.eut
sans doute de quelque chute récente, offraient aux geologislcs un
choix facile et varié pour les échantillons.
Sans la moindre végétation, ces rocs sont nus et arides ; pas le
moindre lichen, pas la plus petite plante. Au premier abord, on
est tenté de donner une naissance volcanique à ces îles desolees ;
cependant, l’inspection de quelques échantillons qu’on rapporta
à b o r d semblerait donner un démenti formel à cette opinion
Ce ne sont pas des couches de lave refroidie qui forment ces
rochers ; ceux qu’on a vus de près étaient composés de schistes
qnartzeux et ne présentèrent pas à nos géologues des indices
d’une formation volcanique.
Le canot revint cà bord chargé, de pingouins qu’on avait assommés
cvvee des bâtons. L’équipage s’en régala, et plusieurs môme
déclarèrent que la chair de ces oiseaux valait celle du poulet. .1
faut laisser à chacun ses goûts ; mais je pense que c’est une trestriste
ressource.
{M. Marescot.)