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l'évrier.
78 VOYAGE
suis toujours la bordée tribord amures. Nous ne
comptons plus que onze glaces, toutes peu considérables.
A midi, notre latitude observée est de 58" 45' latitude
S. Ainsi, nous avons considérablement dérivé
vers le nord. Majs je ne puis pas songer à reprendre
l’autre l)ordée qui me conduirait sous le vent des
îles, ce que je veux éviter, attendu que par cette
route j’irais inévitablement m ’engager dans les glaces
au sud de l’archipel Orkney
Aujourd’hui mon mal a tellement augmenté qu’il
a fallu m’aliter. Le froid m’a forcé de quitter enfin
ma petite chambre de la dunette, où j ’étais si bien
pour surveiller toutes les manoeuvres , mais il n ’y
a plus moyen d’y tenir, tant la température humide
et froide est à la fin devenue intolérable.
Dans la matinée, il fait presque calme avec un
temps couvert. Enfin, sur les huit heures s’élève une
petite brise du S. 0. Sur-le-champ je gouverne au
S. E. en augmentant de voiles. Nous comptons une
dizaine de glaces autour de nous. Nous profitons du
beau temps pour mettre nos voiles an sec et réparer
la misaine assez fortement endommagée dans le
coup de vent.
ïoiite l’après-midi, il fait presque calme avec beau
temps et une mer très-unie. Nous gouvernons à peine
jusqu’il dix heures où s’élève une petite brise du
N. 0. qui nous permet de filer trois noeuds en route.
Je suis agréablement surpris de voir mon malaise céder
l’apidement, et le soir je suis presque en état de reprendre
ma surveillance habituelle. J’en ai donc été
quitte pour un refroidissement violent et brusque, et je
m’en félicite, eu égard aux nouveaux efforts que je
me propose de tenter. Ce n ’est pas que je compte
beaucoup sur leurs résultats, mais ils sont indispensables
pour bien convaincre mes compagnons de
voyage de l’impossibilité d’aller plus avant.
Le matin, le vent passe au N. N.O. puis au N. N. E.
en fraîchissant ; notre sillage augmente par degrés
de deux à trois, quatre , cinq et même six noeuds
en route, au S. E. ~ S. Après m’avoir donné quelque
inquiétude, le ciel s’éclaircit et l’horizon devient
d’une admirable pureté. Peu nombreuses au lever
du soleil, les glaces se multiplient à mesure que nous
cheminons vers le su d , si bien qu’à midi nous en
comptons déjà quarante-huit grosses. J ’en tire un
mauvais augure, car cela nous présage indubitablement
l’approche de la banquise.
Les observations de midi nous placent par 55" 34'
latitude S. et 43" 32' longitude E. Nous voilà donc de
nouveau sur la trace de Weddell, et précisément à la
même époque de l’année. Nous verrons bien si nous
serons aussi heureux.
Grâces à une bonne brise du N. E. et à une mer
très-unie, toute l’après-midi nous filons régulièrement
sept noeuds en bonne route. Nous remarquons
avec joie que le nombre des glaces qui s’étaient encore
accrues jusqu’à cinquante-cinq, après une heure,
diminuent jusqu’à six heures du soir, où nous n ’en
découvrons plus que dix ou douze. Chacun en con-
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