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1838.
Jiuivier.
mes dans une position convenable, une brèi lie pi\a-
tiqiiée dans ses parois nous fit voir qu’elle était
entièrement évidée dans l’intérieur, et l’on eût dit
alors un spacieux amphitéâtre avec ses gradins, haut
de 40 mètres sur plus de 300 de diamètre, si bien
qu’il me rappela soudain le gigantesque colysée de
Rome. îl est facile de voir que ces blocs monstrueux
étaient détachés depuis peu des îles et prenaient
lentement leur essor vers les mers plus tempérées,
diminuant peu à peu de volume, suivant que la chaleur
des couches de la mer agissait plus ou moins
promptement sur elles.
Nous pûmes en effet nous assurer que la surface
entière des îles New-South-Orkney était recouverte
lie glaces et de neige depuis la base jusqu’au sommet.
Au "bord même de la m e r, le roc noirâtre se laissait
parfois voir à n u , et c’était aux endroits où la glace
avait pu se détacher de la terre pour s’échapper sur
les eaux de la mer.
A neuf heures quinze minutes, je ne passais guères
qu’à trois ou quatre milles du cap Dundas, extrémité
Îa plus orientale de ce groupe, et je me préparais à
mettre en panne pour la nuit près de ce point, quand
on aperçut tout à coup, à moins d’un mille sur tribord
, trois têtes de rochers noirâtres nullement indiqués
sur la carte incomplète de ces des. Peu jaloux
de passer la nuit dans ce dangereux voisinage , je demeurai
sons voiles pour m’en écarter, et ce ne fut
qu’à dix heures que je restai sous les deux huniers
deux ris p ris, an plus près tribord , et non sans avoir
recommandé la plus rigoureuse vigilance pour les
glaces et les rochers. La mer était tourmentée par une
lame courte et saccadée, indice de courants violents et
irréguliers *.
Indépendamment de la nécessité où j ’avais été, par
suite de la direction de la banquise, de rallier les New-
South-Orkney, diverses considérations me poussaient
vers cet archipel. 1“ J’étais bien aise de donner sur-le-
champ la facilité à M. Dumoulin de relever ces terres
si mal déterminées jusqu’à présent, et même de faire
à terre quelques observations au hâvre Spence de
Powell, si toutefois la conformation des glaces me
perme ttait de le retrouver, ce dont je n ’étais pas trop
certain. 2“ Il entrait dans mes combinaisons de laisser
s’écouler quelques jours dans cet archipel, avant de
piquer de nouveau vers le sud, afin de m’y retrouver
précisément à la même époque de l’année que Weddell,
pour ne laisser aucune prise à la critique des ennemis
de l’expédition, car ils eussent pu alléguer, et
peut-être avec quelque apparence de raison, que
j ’avais fait mes tentatives trop tôt. 3“ Dans l’éventualité
d’une relâche, je pourrais peut-être procurer aux
matelots quelques vivres frais, n ’eût-ce été que des
phoques et des pingouins, et à moi-même un peu de
repos devenu bien nécessaire après mes fatigues récentes.
Enfin il est inutile d’ajouter que la curiosité
seule pour les uns, et l’intérêt de la science pour les
autres inspiraient à tous les membres de l’expédition
Notes ,3g, 4oj 4 i et 42.
183S,
Janvier.