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Nous nous aperçûmes alors de l’erreur commise à bord depuis
longtemps, qui faisait prendre les pétrels de neige à bec noir pour
des chionis. Après quelques détours dans les glaçons , je parvins
àbordde YÀs/iolahe etdemandaiM. d’Urville. Je le trouvai couché,
fatigué d’être resté tout le jour surlepont : il comptait lelendemain
chercher un passage pour retourner au plus vite en mer libre.
« Tâchons, me dit-il, de ne pas nous quitter , celui qui demain
« aura du vent appareillera le premier pour venir rejoindre l’au-
« tre, et nous tâcherons de sortir comme nous sommes entrés,
« sans nous défoncer. »
Après avoir rendu compte de l’état de la Zelée et reçu ses instructions
pour M. Jacquinot, je pris congé de M. d’Urville.
Quand je revins à bord de la Zélée , il faisait nuit close , il y eut
un moment où je perdis de vue les deux bâtiments ; heureusement
cela ne dura pas longtemps. Car forcé de faire mille détours
au milieu des glaçons , j’aurais bien vite perdu mon orien-
temeut. Enfin, j’arrivai fort à propos au moment où la Zélée s’engageait
dans une masse de glaces plus compactes , où j’aurais été
fort embarrassé de me frayer un chemin.
(Ai. Coupvent.')
Note 62, page 87.
Depuis quelques jours , le temps est uniformemént couvert et
l’horizon noir. Notre marche rapide nous conduit au milieu
de glaces plus nombreuses que les jours passés, qui présagent
et précèdent effectivement la banquise. Elle est de nouveau
signalée à dix heures; moins heureux encore que la première fois,
nous la renconti'ons à deux degrés plus bas. Nous admirons avec
désappointement cette longue ligne blanche qui arrête notre
route, paralyse nos efforts, elle qui, il y a peu d’années , a livré
passage à un entreprenant pêcheur de phoques. Nous apercevons
cependant en approchant des bords de la banquise, une grande
partie de son étendue dans un état de complète dissolu lion. Les
NOTES.
glaçons laissent cependant entre eux de grands intervalles d’eau
libre, et dans le lointain les vues les plus exercées du bord, aperçoivent
de nouvelles et plus grandes éclaircies qui peuvent faire
supposer une mer dégagée de glaces au-dela de 1 espace parsemé
de glaçons éparpillés et altérés par le dégel.
La route des corvettes est dirigée de ce côté , elles y entrent à
pleines voiles. Au commencement, le peu de grosseur des glaçons
rend les abordages presque insensibles ; mais à mesure que nous
avançons, leur épaisseur augmente, les chocs deviennent plus
forts. A deux heures, la scie placée sur l’étrave reste sur un glaçon
où elle s’est implantée. Après les secousses des abordages,
nous naviguons assez longtemps sur une mer libre, sans rencontrer
de nouveaux obstacles, mais plus nous avançons dans la
banquise, plus les glaçons deviennent gros, et bientôt nous en
voyons dont les dimensions dépassent la corvette en longueur.
Les espaces libres devenus plus étroits occasionnent de longs râ-
clements après le premier choc passé. De longues traces de goudron
laissées sur les glaçons brisés par notre impulsion, attestent
la force du frottement. Cependant de grands espaces de mer libre
se voient encore, mais leur apparence est trompeuse ; plus on
approche plus ils diminuent sous l’amoncèlement des glaçons
en dégel. Nous continuons cependant noti’e marche en avant,
malgré ces obstacles. Pour la première fois sans doute , une pareille
tentative est osée dans les glaces du pôle austral, puisse-telle
nous conduire au but désiré !.....
Nous apercevons des phoques sur des glaçons peu éloignés ;
notre approche ne les effraie pas, ces animaux informes agitent
leur long cou , soulèvent leur tête de notre côté , puis comme si
cet aspect les avait fatigués, ils se replacent dans leur position
allongée. Le soir à neuf heures environ, lorsque les approches de
la nuit engagèrent le commandant à suspendre la marche des
corvettes, l’ordre fut donné de serrer les voiles et de s’amarrer
sur des glaçons. Un phoque nageait auprès d'un gros bloc sur
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