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S838.
Avril.
190 VOYAGE
tort de soutenir, à celui qui ax^ait v u , que le fait qu’il
annonçait ne pouvait pas être réel. Quant aux officiers
de marine, leur déclaration prouvait seulement
qu’ils n ’avaient jamais vu une mer très-grosse, ou
qu’ils n’étaient jamais sorti de la Méditerranée.
Aussi, plusieurs autres officiers de mes amis, qui
avaient vu de grosses mers et qui savaient tous que
des lames de 15 ou 20 pieds sont très-peu de chose à
bord d’un vaisseau ou même d’une frégate, quand on
est dans les grandes m e rs, m’invitaient à réfuter les
railleries du physicien. J’étais alors souiFrant et entièrement
absorbé par les préparatifs de ma campagne
et je gardai le silence. D’ailleurs , je pensais que ces
satires, échappées à l’académicien dans un factum
écrit ab irato, avaient plutôt été dictées sous l’impulsion
d’un sentiment de malice éphémère, qne par
une conviction bien arrêtée. Mais le rapport qu’il a
fait sur les opérations de la Vénus, peu de temps
avant mon retour en France, n ’a pu me laisser .à cet
égard aucun doute. M. Arago s’y exprime dans ces
propres termes :
« Depuis ce moment, il n ’est plus question des
« vagues vraiment prodigieuses dont l’imagination
« ardente de certains navigateurs se plaisait à couvrir
« les mers ; la vérité a remplacé le roman : de pré-
« tendues hauteurs de 33 mètres ont été réduites aux
« proportions modestes de 6 h 8 mètres.
« La plus haute lame qui ait assailli la Vénus pence
dant sa longue campagne, avait 7” ,5 d’élévation
« entre le creux et le sommet. Encore a-t-on con-
.
A f
AU POLE SUD. 191
(( senti à donner le nom de lame au réjaillissement
« résultant du choc de deux vagues distinctes , ve-
(( liant l’une sur l’autre obliquement. Les lames
<( proprement dites n ’atteignent pas la baiiteiir de
(( 7 mètres, même dans les parages du cap Horn, où
« elles ont, suivant tousles navigateurs, des dimen-
« sions inusitées. »
Laissant de côté ce que ces expressions décèlent de
peu obligeant dans leur intention, je ne m’occuperai
que du fait en lui-même, c’est-à-dire que les ondes de
la mer ne peuvent jamais dépasser 20 pieds, environ
6 mètres. On voit déjà que les mesures exécutées
dans ce dernier voyage, non-seulement par moi-
même, mais aussi par tous les officiers, et surtout par
ringénieur M. Dumoulin, ont donné 8, 10, 11 et
même 12 m è tre s, c’est-à-dire plus du double de la
limite assignée. Dans aucun de ces cas, la grosseur
de la mer ne pourrait être comparée à celle du 30
août 1826. C’est encore le lieu de déclarer que dans
toute la campagne de Y Astrolabe et de la Zélée,
malgré toutes les épreuves pénibles et souvent critiques
auxquelles elles furent soumises, nous ne reçûmes
pas un seul coup de vent qui pût se rapprocher
des temps affreux que nous eûmes si fréquemment à
subir dans le premier voyage de Y Astrolabe.
Les observations faites sur la Vénus prouvent aussi
que ce navire ne vit point dé mer tant soit peu grosse
durant tout son voyage, et rien déplus.
Sans doute, comme je l’ai déjà d it, des pertnrba-
iions semblables à celles dont je fus témoin le 30 août
! 838.
Avri!.
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