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aiguë ; une autre, vieux castel gothujuc présentait à l’oeil étciuié
ses hautes ogives et ses remparts démantelés. Nous avons fait
toute la journée une drôle de navigation.
(M. Demas.)
Note 3y , page 60.
L’atmosphère a retrouvé sa transparence, pendant qu’une légère
brise nous fait faire route. En repassant près de l’île de glace
où notre embarcation a accosté hier, on s’aperçoit qu’elle a éprouvé
un grand bouleversement. Une explosion éloignée qui a été
entendue ce matin à cinq heures , aura sans doute accompagné
l’affaissement et la fracture de ce grand bloc, dont les fragments
gissent les uns près des auti’es diversement submergés.
La vigie interrogée, indique devant nous un espace où les glaces
disjointes semblent offrir un passage. L’oeil perçant du commandant
l’avait déjà vu. Posté sur le gaillard d’avant, il commande la
manoeuvre, pendant qu’un pi’ofond silence règne à boi’d. Effectivement,
les glaces de la banquise se présentent en morceaux
séparés , éloignés les uns des autres et visiblement altérés par le
dégel. Minés par la mer qui les ronge avec bruit, ils sont étrangement
troués et taillés. Tantôt de frêles piédestaux soutiennent à
grand’peine une solive festonnée, tantôt un glaçon entier présente
les nervures d’une grande feuille ou emprunte la forme
d’une vaste éponge. Plusieurs fois la corvette les touche avec
force et les brise avec un craquement subit. La mer agitée par
leur déplacement, les recouvre d’un clapotis momentané, jusqu’à
ce que notre éloignement les rende à leur tranqiiillité première.
La Zélée nous suit de près, et dans ce moment nous nous réjouissons
d’avoir franchi la banquise Mais notre espoir est déçu
le cap remis au S. E. nous ramène directement sur la banquise
non plus en dissolution , mais compacte et serrée. Nous n’avions
donc fait que traverser une pointe avancée, décomposée en partie
NOTES. 229
par le dégel. Nous virons de bord et reprenons tristement notre
route le long de l’infranchissable barrière de glaoe.
Plusieurs fois encore, nous traversions de pareilles bandes de
glace, mais sans obtenir le résultat désiré, sans trouver de passage.
A chaque fois on espérait réussir , et chaque fois c’était une
nouvelle déception. Les îles de glace m’ont paru ici moins gi’os-
ses que celles vues précédemment, mais plus nombreuses. Nous
en avons constamment une vingtaine en vue, et dans le dernier
passage dans les glaçons , nous en avons aperçu un nombre bien
plus grand. Souvent on en a compté jusqu’à quarante et cinquante
à la fois, groupées autour de nous. Quelle puissance a pu
créer d’aussi considérables masses en si grande quantité? Sera-ce
l’action seule du froid sur la surface de la mer qui construit ces
gigantesques édifices? Est-ce une terre inconnue, le continent
présumé de quelques navigateurs qui les produit? Ou bien sortent
ils tout formés des profondeurs de l’abîme? Quelle que soit
la cause , elle est prodigieuse dans ses effets.
L’équipage conserve sa gaieté au milieu des intempéries qu’il
endure et semble prendre une vive part au succès de l’entreprise.
« C’est égal, j’ai bon espoir, disait ce soir un matelot breton,
« après les tentatives infructueuses de la journée, nous irons
« plus loin que personne et nous ferons honneur au pays. » Le
crépuscule qui remplace la nuit nous surprend au milieu d’une
enceinte de glaçons en dégel.
(M. Desgraz.)
Note 38, page 60.
Nous suivions toujours l’impénétrable banquise sans pouvoin
trouver le moindi’e passage. Plusieurs fois les sinuosités de cette
barrière constante nous ont fait espérer d’avoir atteint le but de
nos efforts , mais chaque fois une fâcheuse réalité est venue détruire
les illusions que nos désirs nous faisaient concevoir. Vaiil
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