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nord et de fortes houles, toute cette banquise qui, à la fin de l’hiver,
était un champ solide, se trouve divisée, et ses débris, étant
emportés autour de l’axe terrestre par le courant constant que
nous avons observé de l’ouest à l’est, se trouvent arrêtés par des
terres où ils s’accumulent aux dépens des points où ces obstacles
ne se rencontrent pas. On comprend que , dans ce cas , on pourrait
parfois pénéti’er plus au sud à certaines longitudes qu’à
d’autres. Mais voyons si cette supposition est raisonnablement admissible.
Nous avons supposé que la mer brise la banquise par ses efforts
continus ; il faudrait donc, dans le cas deWeddell, que ses efforts
se fussent fait sentir au-delà de 74° i 5'. Mais nous avons
éprouvé, dans la banquise, le plus violent coup de vent du nord
que nous ayons l’eçu du i"“" janvier au 8 février; et, tant que
nous y avons été enfoncés à trois milles , nous n’y avons pas ressenti
la plus légère houle : nous n’avons fatigué que dans les
derniers jours, après nous être rapprochés de la mer libre. La
Zélée, qui se trouvait d’un demi-mille peut-être plus éloignée de
la mer, a beaucoup moins fatigué que XAstrolabe. Cela tend à
prouver, si toutefois ce n’est pas une preuve irrécusable, que
l’action de la mer ne se fait sentir que très-peu avant.
Voyons , de plus, si le terrain d’opérations est bien choisi. Les
terres Palmer , les Shetland, les Powell, les terres de Sandwich
sont autant de points qui doivent servir de noyaux aux banquises
et d’appuis contre les envahissements de la mer. N’avons-nous
pas trouvé, en effet, que ces terres se tenaient l’une à l’autre par
cette barrière qui les lie? Lorsque, le 22 janvier, nous avons rencontré
la banquise pour la première fois, ne s’étendait-elle pas h
l’ouest, dans la direction des terres Louis-Philippe, que nous ne
connaissions pas encore? Ne nous a-t-elle pas ramenés jusqu’aux
Powell, et, plus tard , après être sortis de ses griffes, ne l’avons-
nous pas trouvée remontant au nord vers les terres de Sandwich ?
Lorsqu’cnfin nous avons quitté l’île Bridgeman, n’avons-nous pas
encoi'e revu cette banquise au sud de cette dernière île, e t, en
dernier lieu, du cap Dubouzet se dirigeant à l’E. N. E.?
Contre tous ces faits et les raisonnements qui en découlent, le
hasard, ce mot vide de sens, à l’abri duquel se mettent très-volontiers
certaines gens, a pour moi peu de force et ne saurait me
faire admettre le succès de Weddell, dont je regarde le voyage
comme apocryphe.
(Af. de Montravel.)
Note 101, page 127.
A neuf heures du soir, nous étions presque en calme, ballottés
par une assez forte boule. J’entendais , depuis quelque temps ,
briser la mer très-près du navire , ce ne pouvait être que sur une
glace. Enfin j’aperçus , à nous toucher par le bossoir de tribord ,
une énorme masse blanchâtre. Je n’eus que le temps d’amurer
les basses voiles. U Astrolabe, aidée par un petit souffle de brise ,
put la doubler au vent; mais presque dans son remoux , la Zélée
fut obligée d’arriver plat vent arrière. La glace était si haute
qu’elle nous cachait le feu de l’avant de ce navire en tête du mât
de misaine.
(Af. Demas.)
Note 102, page 127.
Nous passâmes la nuit en panne , et recommençâmes le lendemain
matin à pousser davantage vers 1 est. La fin de l’eté s avançait,
et il était indispensable de quitter bientôt ces parages. Ce
changement de route, qui nous rapprochait du cap Horn , fut on
ne peut mieux accueilli de l’équipage, qui commençait à se lasser
de ces parages.
(Af. Dubouzet.)