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1838.
Jíuivicr. Depuis trois jours que nous rôdons sur cette triste
côte, nos yeux sont familiarisés avec les formes des
diverses glaces qui nous entourent ; nous pouvons
nous assurer que leur marche est très-lente, et Fou
conçoit que cette lenteur, en dépit d’un courant superficiel
assez prononcé, s’explique aisément par la
différence qui existe entre la portion immergée et
celle qui est hors de l’eau. Nous pouvons en outre
reconnaître que l’action du dégel, tout insensible
qu elle nous paraît ê tre , ne laisse pas que d’opéi-er
des effets remarquables, et plusieurs de ces masses
ont déjà changé notablement de forme.
Dans l’après-midi, nous avons une petite brise du
S. E. et S. S. E. avec une mer calme et de légers
grains de neige par intervalles. Nous continuons de
prolonger la bande nord des Orkney à cinq ou six
milles de distance , et à huit heures du soir nous approchons
du méridien de leur extrémité occidentale.
De ce côté, la masse des terres paraît moins abruple,
moins élevée, et descend à la m er en pente plus adoucie;
mais leur surface est entièrement couverte de
neige et le littoral lui-même cesse d’offrir le moindre
espace découvert: Divers petits îlots, qui accompagnent
la terre de ce côté, se confondent avec les montagnes
de glace éparses à l’entour d’e u x , et nous
sommes souvent fort embarrassés pour distinguer les
uns d’avec les au tre s, quand les reflets du soleil cessent
de nous caractériser la glace *.
Notes 4g, 5o, 5 i , 52 et 53,
M
Fîi •.p
Une demi-heure auparavant, M. Jacquinot m’avait
signalé la terre dans le N. 0. Cette annonce mit tout
le monde en émoi ; mais j ’eus bientôt reconnu que la
prétendue terre n ’était autre chose qu’un nuage dont
le premier aspect avait en effet pu causer cette illusion.
La brise d’est était presque entièrement tombée et
une large éclaircie s’était formée dans la partie de l’O.
Cela me fit espérer du vent d’o uest, après lequel je
soupirais ardemment pour reprendre mes opérations
au sud. Mais le vent d’est l’emporta et ne tarda pas
à fraîchir graduellement. Alors, je courus six milles
au large, puis je restai en panne.
De bonne heure, il ventait déjà forte brise d’E.S.E.
avec un temps nébuleux. A quatre heures, je reprends
la bordée de terre dans l’intention de reconnaître
les petites îles situées à l’ouest de New-South-
Orkney. Mais le vent ne tarde pas à refuser; il survient
de violentes rafales de vent chargées de neige fondue
et la mer grossit rapidement. A six heures, je reprends
la bordée du large en diminuant de voiles. Dès
sept heures, le coup de vent est déclaré et souffle
avec une grande force, et la bourrasque est accompagnée
de grains de neige continuels. Nous prenons
la cape sous le grand hunier avec deux ris et le petit
hunier au bas ris, car il nous faut conserver plus
de voiles que je ne l’aurais fait en toute autre circonstance,
afin d’être en état de manoeuvrer pour
les glaces. Heureusement, leur nombre encore considérable
le matin, diminue sensiblement à mesure que
30.
,i:J